IntroductionLe syndrome de Volkmann (SV) est une ischémie neuromusculaire secondaire à une augmentation de la pression interstitielle dans un espace anatomique fermé (loge ostéo-aponévrotique). Sa survenue en période néonatale est exceptionnelle.ObservationUne enfant était vue au deuxième jour de vie pour un œdème froid et une hypomobilité du membre supérieur gauche présents depuis la naissance et compliqués de troubles trophiques. La mère avait été traitée par olanzapine, prazépam et valpromide pendant toute la grossesse. L’accouchement avait été compliqué d’une dystocie des épaules ayant nécessité des manœuvres d’expulsion successives : hyperflexion des cuisses, compression sus-pubienne, manœuvre de Couder, épisiotomie. L’examen clinique montrait un œdème du membre supérieur et du thorax, prédominant à la main et à l’avant-bras, un décollement bulleux, une nécrose avec ulcération fibrineuse profonde du pli du coude, une flexion et une cyanose digitales. L’angio-IRM montrait un œdème étendu de la graisse sous-cutanée et des muscles avec un épanchement des fascias, une compression artérielle des artères du bras et une diminution du flux sanguin artériel de l’avant-bras. L’évolution était favorable après incision de décharge cutanéo-aponévrotique, ouverture du canal carpien et excision de la nécrose réalisées au troisième jour de vie. L’angio-IRM postopératoire était normale. Au dixième jour survenaient des épisodes de trémulations avec accès d’opisthotonos et présence à l’électroencéphalogramme de nombreuses anomalies intercritiques évoquant un syndrome de sevrage aux benzodiazépines.DiscussionLes causes exactes du SV ne sont pas connues. Les facteurs de compression mécanique sont surtout retenus : bande amniotique constrictive, compression par un jumeau décédé, malposition du bras, cordon ombilical enroulé, facteurs locaux ou généraux qui concourent à une extraction difficile : brachypelvie, extraction au forceps, oligo/polyhydramnios, anomalie utérine, gain de poids excessif, diabète, rupture prolongée de la poche des eaux, prématurité, pré-éclampsie, césarienne. Trois points sont à souligner dans notre observation. L’intérêt diagnostique de l’angio-IRM précoce, qui montre une association d’œdème tissulaire étendu, de compression artérielle multiple et d’hypoperfusion. Le rôle traumatique potentiel, jamais signalé auparavant, de la dystocie des épaules. Surtout le rôle potentiel des médicaments neuroleptiques et anxiolytiques pris par la mère. Le prazépam est une benzodiazépine responsable, chez le nouveau-né, d’intoxication et de syndrome de sevrage. L’intoxication, précoce, est caractérisée notamment par une somnolence et une diminution de la réactivité spontanée et provoquée. Elle pourrait être un facteur d’hypomobilité et d’hypotonie fœtale favorisant appuis prolongés et malpositions sources de compression. Les traitements médicaux maternels n’ont jamais été, jusqu’alors, mentionnés comme facteur étiologique possible de SV néo-natal.