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Homicide et maladie mentale grave : quelles sont les différences sociodémographiques, cliniques et criminologiques entre des meurtriers malades mentaux graves et ceux indemnes de troubles psychiatriques ?

Auteurs : Richard-Devantoy S, Chocard A-S1, Bourdel M-C2, Gohier B3, Duflot J-P4, Lhuillier J-P5, Garré J-B3
Affiliations : 1Unité de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU d’Angers, France2Service hospitalo-universitaire de santé mentale et de thérapeutique, CHS Sainte-Anne, 7, rue Cabanis, 75014 Paris, France3Département de psychiatrie et psychologie médicale, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 9, France
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Date 2009 Septembre, Vol 35, Num 4, pp 304-314Revue : L'EncéphaleType de publication : article de périodique; DOI : 10.1016/j.encep.2008.05.006
Mémoire original
Résumé

IntroductionL’homicide est un acte rare. Il est souvent, dans l’imaginaire collectif, l’acte d’un malade mental. S’il est possible aujourd’hui d’établir un lien entre les troubles mentaux graves et la violence, celui-ci doit être nuancé. La majorité des meurtriers ne présentent pas de maladie mentale grave : 80 à 85 % des auteurs d’homicides en sont indemnes.ObjectifL’objectif principal de cette étude rétrospective est de mettre en lumière les ressemblances et les dissemblances entre les meurtriers malades mentaux graves et ceux indemnes de trouble psychiatrique.MéthodeÀ partir d’une étude clinique sur une série de 210 homicides volontaires, dont 37 sont commis par des sujets souffrant d’une maladie mentale grave (schizophrénie, trouble délirant, trouble de l’humeur), nous déterminons les caractéristiques sociodémographiques, cliniques et criminologiques du meurtrier souffrant d’une maladie mentale grave et constatons les éventuelles différences avec les meurtriers indemnes de trouble psychiatrique. Nous retenons la définition consensuelle de Hodgins des troubles mentaux graves, qui regroupe les diagnostics de schizophrénie, de trouble de l’humeur et de trouble délirant qui correspond dans la nosographie française à la psychose paranoïaque. Cette définition restreinte de la maladie mentale (troubles psychotiques ou dépressifs exclusivement), s’oppose à celle, plus large, du DSM-IV qui inclut, en outre, les troubles de la personnalité, les abus d’alcool et les démences.RésultatsÀ l’exception de certaines variables, le meurtrier présentant une maladie mentale grave a les mêmes caractéristiques sociodémographiques que tout meurtrier : c’est un homme jeune, isolé, aux antécédents judiciaires, consommant des toxiques. Les malades mentaux meurtriers sont plus âgés (37,8 ans versus 31,7 ans) au moment des faits, ont davantage d’antécédents psychiatriques personnels (81 % versus 32,9 %) et de comorbidités psychiatriques que les sujets indemnes de troubles psychiatriques. Ils s’en distinguent aussi par une clinique propre au processus psychopathologique. La dépression, le délire et les idées suicidaires sont caractéristiques de la clinique des malades mentaux avant leur crime, tandis qu’une dispute ou une altercation physique concourt à la genèse du meurtre chez les sujets sans pathologie mentale. La proximité affective entre l’auteur et sa victime est d’autant plus marquée que le meurtrier présente une maladie mentale. Le malade mental tue rarement une victime inconnue. L’irresponsabilité pénale est la règle pour les meurtriers souffrant d’un trouble mental grave.ConclusionLes différences entre meurtriers avec et sans maladie mentale grave reposent sur une psychopathologie propre au processus morbide qui infiltre l’acte homicide. En tant que clinicien, il faut focaliser notre attention sur la psychopathologie propre à chaque entité clinique. Ces données permettent de dégager des facteurs de risque généraux de violence homicide (sexe masculin, âge jeune, milieu défavorisé, abus d’alcool) et des facteurs plus spécifiques (maladie mentale, comorbidités…), auxquels il faudrait intégrer les aspects dynamiques de la rencontre entre les protagonistes.

Mot-clés auteurs
Homicide; Maladie mentale grave; Étude clinique; Criminologie;
 Source : Elsevier-Masson
 Source : PASCAL/FRANCIS INIST
 Source : MEDLINE©/Pubmed© U.S National Library of Medicine
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Richard-Devantoy S, Chocard A-S, Bourdel M-C, Gohier B, Duflot J-P, Lhuillier J-P, Garré J-B. Homicide et maladie mentale grave : quelles sont les différences sociodémographiques, cliniques et criminologiques entre des meurtriers malades mentaux graves et ceux indemnes de troubles psychiatriques ?. Encephale. 2009 Sep;35(4):304-314.
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Dernière date de mise à jour : 22/08/2017.


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