Méthodes d'évaluation en phase IV de l'efficacité de la lutte antivectorielle: l'exemple d'une étude cas-témoin de l'impact des moustiquaires imprégnées d'insecticide à longue durée d'action après leur déploiement au Bénin.
Auteurs : Rogier C1, Henry MC, Luxemburger CLes mesures de lutte antivectorielle font partie des stratégies intégrées de contrôle du paludisme. Après avoir été évaluées en phase III dans des études pilotes, les moustiquaires imprégnées d'insecticide à longue durée d'action (MIILD) sont actuellement distribuées dans de nombreuses régions endémiques. Leur efficacité doit être vérifiée dans leurs conditions réelles d'utilisation. Dans ce contexte, il n'est éthiquement pas acceptable d'utiliser une cohorte d'individus non exposés comme groupe contrôle. Pour surmonter cette limitation, une étude cas-témoin a été menée pour évaluer l'efficacité des MIILD mises en place dans une zone d'endémie du Sud du Bénin contre les accès palustres à Plasmodium falciparum. Pendant une période de 4 mois (juillet - octobre 2008), 35 accès palustres simples ont été diagnostiqués (fièvre + densité parasitaire ≥ 3000 formes asexuées de P. falciparum / μL) chez des enfants de moins de 5 ans de 6 villages du district sanitaire de Kpomassè Tori Bossito Ouidah. Dans ces 6 villages, 181 enfants ont été tirés au sort et leur parents ont été interrogés à leur domicile (en même temps que les parents des cas). Parmi eux, 115 n'avaient pas été fébriles pendant la période d'étude et ont été considérés comme témoins. La proportion des enfants ayant constamment dormi sous MIILD pendant la période d'étude était de 46% chez les cas et de 71 % chez les témoins (OR=0,32, IC95%:0,15-0,71). Les MIILD conféraient donc une protection significative de 68% (IC95%: 29%-85%). L'efficacité des mesures de lutte antivectorielle peut être évaluée après leur distribution dans les communautés par des études cas-témoins. Les limites de cette méthodologie sont discutées.