Objectif et mesuresNous présentons les caractéristiques sociodémographiques, la prévalence de l’abus et de la dépendance au cannabis et aux autres substances psychoactives (critères DSM-IV) ainsi que la comorbidité des troubles mentaux dans les 12 derniers mois (diagnostics évalués par le Mini-International Neuropsychiatric Interview [MINI] et les critères DSM-IV) chez 90 usagers de cannabis vus en consultation spécialisée cannabis à l’hôpital Lariboisière.RésultatsLes caractéristiques sociodémographiques des usagers associent : une prédominance d’hommes (67 %), un âge moyen de 27,5 ans (±8,4), une majorité de célibataires ou divorcés (59 %). Deux tiers des usagers (67 %) sont actifs ou étudiants et 32 % sont inactifs. D’un point de vue des ressources, 22 % des usagers perçoivent l’allocation chômage, le RMI ou une AAH et 11 % sont sans aucune ressource. La majorité des usagers sont venus d’eux-mêmes (63 %) et la plupart ont déjà consulté un psychologue ou un psychiatre par le passé (73 %). Les usagers sont pour la grande majorité dépendants (82 %) et abuseurs (9 %) du cannabis dans les 12 derniers mois. En dehors du tabac, on retrouve une dépendance à l’alcool chez seulement 7 % des usagers, une dépendance à la cocaïne ou à l’ecstasy chez 2 %. Les principales substances consommées sur la vie sont le tabac (99 %), l’alcool (96 %) et la cocaïne (41 %). La consommation cannabique dans les six derniers mois est de 5,8 (±4,4) joints quotidiens, 12 (±10,5) g hebdomadaires et le coût mensuel de 159 € (±133). Le cannabis est consommé dans plus des trois quarts des cas sous forme de haschisch. Environ un usager sur deux (48 %) présente au moins un trouble de l’humeur et plus de la moitié (55 %) au moins un trouble anxieux dans les 12 derniers mois. Les troubles de l’humeur sont l’épisode dépressif majeur (38 %), la dysthymie (19 %), l’hypomanie (3 %) et la manie (1 %). Les troubles anxieux sont la phobie sociale (29 %), l’anxiété généralisée (17 %), le trouble panique avec et sans agoraphobie (16 %), le trouble obsessionnel compulsif (12 %), l’agoraphobie sans trouble panique (9 %) et le syndrome de stress post-traumatique (5 %). Le pourcentage de schizophrènes est de 4 %. Les femmes souffrent plus fréquemment que les hommes d’au moins un trouble de l’humeur (64 % versus 41 % ;p = 0,04) ou d’un syndrome de stress post-traumatique (17 % versus 0 % ;p < 0,001) sur les 12 derniers mois.ConclusionEn dehors du tabac, 80 % des usagers vus à notre consultation sont uniquement dépendants ou abuseurs du cannabis. Les taux de dépendance au cannabis sont très élevés. En comparaison avec les études publiées sur les autres consultations spécialisées cannabis en France, les usagers vus à l’hôpital Lariboisière sont plus âgés, plus fréquemment des femmes, plus dépendants du cannabis et ont une comorbidité élevée de troubles de l’humeur et anxieux. Certains résultats de notre étude ont été présentés lors de la réunion de l’Association française de psychiatrie biologique du 14 novembre 2006 [L’Encéphale 33 (2007) 101].