• Introduction: Les derniers travaux publiés présentant la situation épidémiologique du paludisme pour l'ensemble de la Guyane remontent à 20 ans. Ce département français d'Amérique est pourtant avec Mayotte le seul territoire français d'endémie palustre. Matériels et Méthodes: Cette étude fait le point de la situation du paludisme à partir des données officielles de surveillance des accès palustres complétées d'informations issues de données hospitalières et d'enquêtes ponctuelles menées sur le terrain au cours des dernières années. Les difficultés pour le recueil exhaustif, continu et homogène des données de surveillance sont récurrentes en Guyane et la détermination des taux d'incidence régionaux précis et par espèce plasmodiale a toujours posé problème. Cette situation est la conséquence de l'isolement des régions d'endémie, des importants flux migratoires, souvent anarchiques, mais aussi des modalités de recensement des données pas toujours garantes d'homogénéité et de régularité. L'exigence en milieu isolé de soins curatifs rapides et efficaces peut compliquer le recueil exhaustif des données classiques de surveillance épidémiologique. Résultats: La situation du paludisme en Guyane apparaît globalement stable depuis le début de la décennie avec une moyenne annuelle de 3 920 accès palustres enregistrés soit un taux d'incidence de 20%o en sachant que les 3/4 de la population guyanaise (206 000 habitants en 2008) résident en dehors des foyers d'endémie. Globalement P. falciparum et P. vivax se répartissent à part égale, P. malariae ne représentant que 2,6% des cas. Mais la situation est hétérogène. La tendance au cours des dernières années est à l'augmentation du nombre de cas à P. vivax, surtout dans l'est du département (foyer de l'Oyapock où des taux d'incidence annuels peuvent atteindre 500‰ chez les enfants, et toute la région située entre Saint Georges et Cayenne) contrastant avec une diminution du niveau d'endémie dans l'ouest guyanais, particulièrement pour P. falciparum dans les foyers du bas et du moyen Maroni. La majorité des sites posant problème actuellement sont localisés à proximité des lieux de migration et particulièrement ceux en rapport avec l'orpaillage clandestin. Dans la bande littorale où se situent les 3 villes guyanaises et la grande majorité de la population, les cas signalés sont classiquement des cas importés mais qui peuvent être occasionnellement à l'origine d'une transmission locale, phénomène généralement vite maîtrisé mais qui a tendance à se reproduire de plus en plus souvent. Anopheles darlingi est toujours reconnu comme le vecteur majeur mais son rôle exclusif dans la transmission est moins évident dans l'est guyanais où l'hypothèse de la contribution d'autres espèces dans le maintien de l'endémie se trouve renforcée. Conclusion: Les moyens disponibles dans ce département français (moyens financiers importants, maillage sanitaire du territoire, sensibilisation de la population et formation des personnels médicaux et paramédicaux au diagnostic et au traitement du paludisme...) contribuent, malgré une endémie palustre encore bien implantée et des caractéristiques épidémiologiques défavorables, à la relative rareté des formes sévères.