Démence frontotemporale : une maladie aussi de l’identité ?
Auteurs : Lebert F1Les démences frontotemporales (DFT), principalement par les troubles du comportement et l'anosognosie qu'elles entraînent, sont pourvoyeuses à la fois d'une atteinte de sa propre identité mais aussi de la reconnaissance de celle de l'autre, lui-même en difficulté pour identifier le malade. Parmi les sentiments d'identité, les DFT atteignent surtout celui d'unité, de cohérence, de temporalité et d'appartenance. Les troubles de la mémoire autobiographique, l'anosognosie et l'atteinte des fonctions exécutives sont les mécanismes principaux de la fragilisation du soi dans les DFT. L'altération de la cognition sociale, de la reconnaissance des émotions et de la mémoire sémantique conditionne, chez le malade, l'affaiblissement de la reconnaissance de l'identité de l'autre. Les modifications de son expression corporelle, de ses valeurs morales et le non-respect des règles sociales rendent le malade difficilement identifiable pour l'autre. Par leur localisation focale, les DFT permettent de dégager des liens neurobiologiques spécifiques avec le sentiment d'identité pouvant enrichir les connaissances en ce domaine. La connaissance des bases neurologiques de l'altération d'identité peut permettre d'ouvrir le dialogue avec l'aidant qui, semble-t-il, souffre plus que le malade de ces transformations.