Parmi les différentes approches pour l’angioplastie des lésions de bifurcation, le « crush stenting » demeure une alternative intéressante en cas de nécessité d’implanter a priori deux stents sur les deux branches principale (BP) et collatérale (BC). Sa relative simplicité technique assure une couverture optimale de l’ostium de la BC, avec un taux de succès procédural globalement élevé. Si plusieurs études ont mis en évidence sa faisabilité au prix d’un taux acceptable de complications immédiates, peu de données sont disponibles sur les résultats à long terme de cette technique. Nous rapportons notre expérience avec les résultats en phase hospitalière et à long terme de 21 patients (pt) consécutifs traités par la technique du « crush stenting », avec endoprothèses coronaires pharmacoactives, de novembre 2005 à mars 2007. Le suivi clinique moyen a été de 18 ± 7 mois. Un contrôle coronarographique a pu être réalisé chez 14 pt (66 %) avec un délai moyen de 8,5 ± 4 mois. L’âge moyen des pt était de 70 ± 11 ans, 33 % (n = 7) étaient diabétiques, l’EuroSCORE logistique moyen était de 11 ± 3 %, avec un EuroSCORE supérieur à 5 % dans 43 % des cas (n = 9). La bifurcation IVA/diagonale était la plus fréquemment concernée (52 %), juste devant le tronc commun distal (43 %), de type 1-1-1 selon la classification de Medina dans 62 % des cas et avec une angulation BP–BC inférieure à 50° dans 66 % des cas. Un « kissing balloon » en fin de procédure a été réalisé chez 90 % des pt (n = 19). La longueur totale et le diamètre des stents actifs implantés étaient similaires entre la BP et BC. La procédure a été réalisée avec succès dans 100 % des cas sur la BP et 95 % des cas sur la BC. Aucun décès n’est survenu durant la phase hospitalière. Deux pt (9,5 %) ont présenté une ascension de CPK supérieure à 2N au décours de la procédure sans douleur, ni modification ECG. Au terme du suivi moyen de 18 mois, un pt était décédé d’une mort subite 14 mois après son angioplastie. Un cas de thrombose aiguë de stent a été rapporté à j5. Quatre pt (19 %) ont nécessité une réintervention sur le vaisseau cible, dont trois sur la lésion cible pour une resténose intrastent actif, soit focale sur les deux ostia des BP et BC (deux pt), soit focale sur la BP (un pt). En conclusion, dans cette étude de faible effectif, la technique du « crush stenting » avec « kissing balloon » final semble pouvoir être utilisée pour traiter des lésions complexes de bifurcation avec des stents actifs, notamment chez des pt ayant un haut risque opératoire. Le profil de sécurité et d’efficacité de cette technique dans notre série reste similaire aux résultats précédemment rapportés dans la littérature. Les considérations récentes sur les risques de thrombose tardive avec les stents actifs n’en font pas une stratégie de première ligne pour l’angioplastie de bifurcation, dont le traitement de référence reste lestentingde la BP avec dilatation au ballon etstentingprovisionnel de la BC.