IntroductionLa thrombose veineuse cérébrale (TVC) est une affection peu fréquente, de présentation clinique variable et de pronostic souvent imprévisible. Le traitement de première intention repose sur l’héparinothérapie associée à la prise en charge symptomatique et étiologique. En cas d’échec de cette thérapeutique, certaines équipes ont eu recours à la thrombolyse in situ avec des résultats encourageants. Le faible nombre d’essais cliniques et de cas rapportés n’a pas permis de développer de consensus sur la place de la thrombolyse in situ dans la prise en charge des thromboses veineuses cérébrales.MéthodesNous avons recueilli les données issues des dossiers médicaux de tous les patients hospitalisés sur six années consécutives au CHU de Caen pour une thrombose veineuse cérébrale. Nous avons réalisé une étude rétrospective des facteurs de gravité cliniques chez tous ces patients ainsi qu’une étude statistique et comparative des données radiologiques en fonction du type de traitement réalisé.RésultatsSur six ans, le diagnostic de thrombose veineuse cérébrale fut posé chez 36 patients. Pour huit d’entre eux, la situation clinique a conduit à la réalisation d’une thrombolyse in situ quand les 28 autres patients furent traités exclusivement par héparinothérapie. Dans le groupe traité par thrombolyse in situ, une amélioration clinique dans deux tiers des cas fut observée sans que ce traitement soit responsable d’effet indésirable grave même en cas d’hématome intracérébral préexistant. Une étude statistique des examens angiographiques réalisés dans cette cohorte, permet de mettre en évidence des facteurs de risque radiologiques d’échec de l’héparinothérapie.Discussion/ConclusionCes résultats cliniques, au décours d’une thrombolyse in situ, sont similaires à ceux observés chez 98 patients adultes décrits dans la littérature et suggèrent l’intérêt de la thrombolyse in situ chez les patients échappant au traitement classique bien conduit. L’observation de ces critères radiologiques associés à la présence d’éléments cliniques correspondant à des facteurs pronostiques de gravité pourrait faire discuter l’utilisation de la thrombolyse in situ. En l’absence d’étude contrôlée sur le sujet, la place de la thrombolyse in situ dans la thrombose veineuse cérébrale reste à préciser. Une étude randomisée, contrôlée enadd-onthérapie contre héparine seule permettrait peut-être de proposer un consensus unifiant la prise en charge.