L'iatrogénèse induite par les Anti Vitamine K (AVK) représente un problème de santé publique. Les accidents hémorragiques sont les plus fréquents et les plus graves. Nous avons conduit une étude prospective sur une période de 10 mois, incluant les patients traités par AVK, admis aux urgences du CHU de Grenoble, dans le but d'identifier les éventuels événements iatrogènes médicamenteux hémorragiques (EIMH). Le support d'évaluation était un questionnaire administré de façon directive, portant sur les caractéristiques des patients, le traitement médicamenteux et les événements hémorragiques. Pendant cette période, 216 patients traités par AVK ont été recensés, dont 68 présentant un EIMH. Sur 158 patients âgés de plus de 65 ans, 60 ont présenté un EIMH (38%) contre 8 patients sur 58 dont l'âge est < 65 ans (14%), soit un risque relatif de 2,75 (p=0,0007). 79% des patients ayant un INR > 5 et 16% de ceux ayant un INR <5 (p<0,0001) ont développé un EIMH. Parmi les patients ayant débuté ou arrêté un ou plusieurs médicament(s) lors des 7 jours précédant leur admission, 47% ont développé un EIMH, contre 25% des patients n'ayant pas modifié leur traitement (p=0,0016): les anti-infectieux sont identifiés dans la majorité des cas. Les connaissances des patients sur des notions théoriques comme la valeur cible de l'INR et les signes de surdosage s'avèrent adéquates. En termes d'adaptation à l'oubli de prise d'AVK, 48 patients ont déclaré doubler la posologie de la prise suivante ou prennent la dose médicamenteuse dès qu'ils s'en souviennent: 35% de ces patients ont présenté un EIMH (p=0,49).