Le rare syndrome d’hypersensibilité aux antiépileptiques, défini par la triade fièvre élevée, rash cutané et défaillance multiviscérale, peut être mortel dans 10 % des cas et se doit donc d’être connu. Il survient une à 12 semaines après le début de la prise de l’antiépileptique responsable, le plus souvent un antiépileptique aromatique. Le syndrome d’hypersensibilité aux antiépileptiques est de diagnostic parfois difficile, en particulier vis-à-vis dudrug rash with eosinophilia and systemic symptoms(DRESS) où l’hyperéosinophilie est par définition constante. Les mécanismes physiopathologiques du syndrome d’hypersensibilité aux antiépileptiques sont discutés. Il s’agirait vraisemblablement d’une accumulation de métabolites aromatiques devenant toxiques, piste étiopathogénique prouvée in vitro parlymphocyte toxicity assayet in vivo par biopsie cutanée (érythème multiforme ou d’angéite leucocytoclastique typique). D’autres hypothèses plus fragiles ont été également émises (immunoallergique, infection virale). Le syndrome d’hypersensibilité à la lamotrigine (SHAL), de mécanisme encore hypothétique (antiépileptique non aromatique), a été décrit pour la première fois en 1998. Nous en décrivons deux nouveaux cas survenus enadd-onthérapie avec du phénobarbital et discutons les limites entre SHAL et DRESS à propos d’un troisième cas exemplaire. Après revue de la littérature, 14 cas exploitables de SHAL ont été retrouvés. Le SHAL ne surviendrait que dans deux configurations : soit lamotrigine seule mais dans des circonstances atypiques (croissance trop rapide, surdosage, terrain immunodéprimé, âges limites), soit lamotrigine en association systématique avec valproate de sodium ou plus rarement phénobarbital.