Comprendre et atteindre les jeunes travailleuses du sexe clandestines du Burkina Faso pour une meilleure riposte au VIH
Auteurs : Berthé A1, Huygens P, Ouattara C, Sanon A, Ouédraogo A, Nagot NEn 1998, des chercheurs burkinabè, français et belges ont enrôlé 300 femmes impliquées dans le commerce du sexe dans une cohorte ouverte pour vérifier si « la prise en charge adéquate des IST courantes chez ces femmes, leur exposition à des activités de communication pour un changement de comportement (CGC) réduiraient considérablement leur vulnérabilité aux IST et au VIH ». En 2000, ils ont observé que les non-professionnelles du sexe (les occasionnelles ou clandestines), plus difficiles à atteindre, à mobiliser et à retenir pour les différentes activités du projet, étaient autant, voire (souvent) plus infectées que les professionnelles du sexe du fait de leur faible utilisation du préservatif. Aussi, pour mieux atteindre les objectifs du projet, ils ont opté d'enrôler davantage de non-professionnelles du sexe dans la nouvelle cohorte de 700 femmes. La présente étude socioanthropologique a été réalisée pour les guider dans leur stratégie d'enrôlement des jeunes travailleuses du sexe clandestines. L'objectif global de cette étude socioanthropologique était de mieux comprendre la vie des jeunes clandestines et de repérer les acteurs stratégiques pour les atteindre. À l'aide d'une méthode qualitative, les socioanthropologues ont mené une revue documentaire, repéré, géoréférencé tous les espaces locaux propices à la rencontre de nouveaux partenaires sexuels (points chauds), réalisé le récit d'une dizaine de jeunes clandestines et réalisé divers entretiens avec des informateurs clés ou des acteurs stratégiques du milieu. Les résultats montrent que: 1) la quasi-totalité des jeunes filles exerçant clandestinement le commerce sexuel sont burkinabè, et le commerce sexuel enregistre l'entrée de filles de plus en plus jeunes et non scolarisées ou déscolarisées; 2) la plupart des jeunes clandestines proviennent de familles à faibles capitaux (financier, culturel, social). La pauvreté des parents explique la faible couverture des besoins de ces jeunes filles et les expose au tr...