ObjectifsÉvaluer après 5 ans l’effet de la chirurgie esthétique chez des patients ayant un défaut minime de l’apparence physique, avec ou sans diagnostic debody dysmorphic disorder(BDD), lors de leur demande de chirurgie esthétique.MéthodesTrente patients demandeurs d’une intervention de chirurgie esthétique pour un défaut minime de leur apparence physique, dont 12 avec un diagnostic de BDD et 18 sans diagnostic de BDD, ont été réévalués 5 ans après au moyen d’un questionnaire administré par téléphone sur la ou les intervention(s) de chirurgie esthétique qu’ils avaient pu avoir, la satisfaction concernant cette (ces) intervention(s), le diagnostic de BDD, le handicap et la comorbidité psychiatrique.RésultatsSur les 30 patients, 24 (80 %) ont pu être réévalués, 10 avec un BDD et 14 sans BDD. Sept sujets BDD avaient été opérés contre 8 non-BDD. La satisfaction concernant la chirurgie esthétique était importante dans les 2 groupes. Néanmoins, lors de leur réévaluation, 6 des 7 patients BDD opérés conservaient un diagnostic de BDD et présentaient un degré de handicap et de comorbidité psychiatrique plus élevé que leurs homologues non-BDD. De plus, 3 patients non-BDD avaient développé un BDD.DiscussionLa forte satisfaction dans les 2 groupes de patients opérés est un résultat surprenant au vu de la littérature et pourrait expliquer certaines contradictions entre les opinions et la pratique des chirurgiens esthétiques d’une part et de l’autre l’avis négatif des psychiatres concernant la chirurgie esthétique chez les patients BDD. Le diagnostic de BDD apparu chez les patients initialement non-BDD pourrait renvoyer à l’existence chez ces sujets de symptômes de BDD sous le seuil diagnostique lors de l’évaluation initiale.ConclusionCette étude prospective confirme que la chirurgie esthétique n’est pas efficace sur le BDD, ceci en dépit de la satisfaction exprimée des patients. La chirurgie esthétique n’a pas montré d’effets significatifs sur le diagnostic de BDD, le handicap ou les comorbidités psychiatriques chez les patients BDD avec un recul de 5 ans. La satisfaction des patients quant au résultat de l’intervention pourrait contribuer à expliquer pourquoi certains chirurgiens n’adhèrent pas totalement à la contre-indication de la chirurgie esthétique dans le BDD.