La fièvre est une agression cérébrale secondaire d’origine systémique, susceptible d’aggraver le pronostic des patients de neuroréanimation. En réponse à une agression immunologique, la fièvre associe plusieurs réponses physiologiques, dont la plus facilement mesurable est l’hyperthermie. La définition de celle-ci est variable, mais le seuil le plus fréquemment utilisé est 37,5 °C. Chez l’animal, l’hyperthermie, appliquée avant, au moment ou après une ischémie cérébrale, augmente le volume des lésions. Le mécanisme de cet effet serait lié à une augmentation de perméabilité de la barrière hématoencéphalique, à une libération accrue d’acides aminés excitateurs et à une majoration de la production de radicaux libres. En clinique, l’hyperthermie est très fréquente, touchant entre 20 et 30 % des patients au cours des 72 premières heures d’hospitalisation, ce chiffre atteignant 40 à 50 % en cas d’accident vasculaire cérébral (AVC) hémorragique. Cette hyperthermie est rattachée à une infection dans la moitié des cas, mais dans plus de 25 % des cas elle serait d’origine centrale. Au cours de l’AVC ischémique, une hyperthermie au cours des 72 premières heures est associée à une augmentation de la taille de l’infarctus, une augmentation de la morbidité et de la mortalité. Cette aggravation du pronostic est également retrouvée au cours de l’hémorragie sous-arachnoïdienne. Après traumatisme crânien grave, la fièvre ne semble pas influencer la mortalité, mais est associée à une augmentation de morbidité. Bien qu’aucune relation causale entre fièvre et aggravation du pronostic ne soit établie, il paraît raisonnable de traiter l’hyperthermie. Chez le patient cérébrolésé, les antipyrétiques sont faiblement efficaces. En cas d’échec, ils doivent être remplacés par des techniques de refroidissement physique.