Points essentielsL’hypertension artérielle (HTA) de la grossesse est définie par une pression artérielle (PA) sytolique ≥ 140 mmHg et/ou une PA diastolique ≥ 90 mmHg, à n’importe quel terme. Le terme de syndromes hypertensifs de la grossesse est plus approprié puisqu’il correspond à des aspects cliniques très hétérogènes.Cette maladie est encore fréquente puisqu’elle concerne environ10 à 15 % des grossesses.Il s’agit d’une véritable maladie de la placentation. La grossesse normale résulte d’un état de tolérance de l’endothélium maternel vis-à-vis du trophoblaste. Deux éléments jouent un rôle pivot dans la genèse de la prééclampsie (PE) : la placentation défectueuse vers 16 semaines d’aménorrhée (SA) et la réponse maternelle anormale à la placentation.Le diagnostic d’HTA est difficile au cours de la grossessecar les femmes enceintes sont très sujettes à la réaction d’alarme. L’automesure et la mesure ambulatoire de PA trouvent alors toute leur utilité. Dans la mesure du possible, il faut essayer de différentier l’HTA préexistante à la grossesse,l’HTA gestationnelle simple et les formes compliquées, les prises en charge étant différentes.Le seul objectif du traitement hypotenseur est de prévenir les complications maternelles de l’HTA ; il n’a aucun effet sur l’évolution de la grossesse et est même parfois délétère pour la croissance fœtale. Hormis la PE, il n’y a aucune urgence à instaurer un tel traitement au cours de la grossesse. S’il s’impose, la PA est abaissée très progressivement pour respecter la perfusion placentaire afin d’atteindre une valeur cible comprise entre 120/80 et 140/90 mmHg. Les anti-agrégants plaquettaires sont le seul traitement préventif efficace de l’ischémie placentaire. Ils sont réservés aux grossesses à risque dès 16 SA à 100 mg/j. Le risque évolutif à court terme est surtout lié aux formes compliquées.À long terme, la PE est un véritable marqueur de risque cardiovasculaireavec un risque pour ces femmes d’évoluer quelques années plus tard vers l’HTA chronique et/ou d’avoir un accident cardiovasculaire. La grossesse est actuellement considérée comme une situation révélatrice d’une aptitude à évoluer vers le syndrome métabolique et ses complications cardiovasculaires.