La relation entre les algies pelviennes chroniques (APC) et l’endométriose est mal comprise, en raison de la banalité des symptômes douloureux chez des femmes indemnes de pathologie et de l’existence de formes asymptomatiques d’endométriose. Notre revue systématique a pour but de clarifier le lien entre les caractéristiques des lésions d’endométriose et la sémiologie des APC. Chez des femmes qui présentent une endométriose diagnostiquée, cette maladie ne serait en fait responsable des APC que dans un peu plus d’un cas sur deux. Il existe une association bien documentée entre la dysménorrhée sévère et l’endométriose, probablement de nature causale. La dysménorrhée sévère ne semble pas liée à un type particulier de lésion, ni à une localisation particulière, elle est provoquée par des microsaignements menstruels récidivants, au sein des lésions. En ce qui concerne les autres symptômes douloureux, il existe des arguments histologiques et physiopathologiques en faveur de la responsabilité de l’endométriose sous-péritonéale profonde (EP) sur leur genèse. Ces douleurs sont en rapport avec la compression ou l’infiltration des nerfs de l’espace pelvi-sous-péritonéal par les lésions d’EP. De ce fait, les symptômes douloureux causés par l’EP présentent des caractéristiques particulières. Elles sont spécifiques de l’atteinte d’une localisation anatomique précise (dyspareunie sévère, douleur à la défécation) ou d’un organe précis (signes fonctionnels urinaires, signes digestifs). Ces symptômes peuvent ainsi être qualifiés de « douleurs localisatrices ». L’analyse sémiologique précise des caractéristiques des APC est utile pour la prise en charge diagnostique et thérapeutique de l’endométriose dans le cadre des APC. L’utilisation d’autoquestionnaires standardisés peut apporter une aide à cette analyse. Les traitements médicamenteux hormonaux sont généralement efficaces sur l’ensemble des symptômes douloureux en rapport avec les lésions d’endométriose comportant du tissu glandulaire actif.