IntroductionLe syndrome malin des neuroleptiques (SMN), décrit en 1960 par Delay et al. [Ann Med Psychol 118 (1960) 145–152] sous le nom de syndrome akinétique hypertonique, représente un accident rare (fréquence estimée entre 0,02 % et 3,3 %), mais redoutable et engageant parfois le pronostic vital. Si la relation du SMN avec les neuroleptiques classiques (NC) est une donnée acquise, plusieurs auteurs ont aussi rapporté des cas de SMN faisant suite à la prescription de neuroleptiques atypiques (AA).ObjectifNotre revue de la littérature a pour but de relever les différents cas de SMN au décours d’un traitement par un AA et d’étudier les différentes hypothèses physiopathologiques incriminées dans cette complication, parfois létale.MéthodeUne recherche sur MEDLINE a été effectuée portant sur la période de janvier 1986 à juin 2005 en utilisant les termesneuroleptic malignant syndrom, d’une part, et l’un des termes suivants, d’autre part :atypical antipsychotics, amisulpride, clozapine, olanzapine, rispéridone, quétiapine, ziprazidone,side effects. Les cas où les AA étaient prescris en concomitance avec des NC ont été éliminés.RésultatsCette recherche a permis d’identifier 47 cas (huit femmes ; 39 hommes) avec cinq antipsychotiques atypiques : clozapine (n = 12) ; olanzapine (n = 18) ; rispéridone (n = 11) ; quétiapine (n = 3) ; ziprasidone (n = 1) ; parfois en association (n = 4). Aucun cas n’a été signalé avec l’amisulpride. Une évolution fatale a été constatée dans deux cas (un avec la rispéridone, un avec l’olanzapine). La plupart des patients avaient un diagnostic de schizophrénie (n = 26). Les autres diagnostics se répartissaient comme suit : trouble schizoaffectif (n = 9), trouble bipolaire du type I (n = 3), bouffé délirante aiguë (n = 1), retard mental (n = 4), syndrome d’Asperger (n = 1), trouble dépressif majeur (n = 1) et démence (n = 2). Ces résultats sont résumés dans un tableau. Dans presque la moitié des cas cette complication survenait chez des patients âgés de moins de 35 ans, avec un délai d’apparition moyen de 15 jours et des posologies moyennes usuelles.ConclusionCertains AA peuvent induire des SMN suffisamment sévères pour entraîner le décès. Le SMN n’est donc pas l’apanage exclusif des NC. Les antipsychotiques ayant un faible tropisme pour les D2 striataux peuvent induire des SMN (notamment la clozapine), ce qui fait envisager un rôle possible de la sérotonine et de la noradrénaline (et non de la seule dopamine) dans l’apparition du SMN.