IntroductionLes dermites de contact systémiques sont des réactions d’hypersensibilité retardée apparaissant après l’introduction systémique d’un haptène chez une personne préalablement sensibilisée par voie cutanée. Elles ont rarement été rapportées avec le nickel. Nous avons exploré quatre cas imputables à la présence de nickel dans un cathéter veineux périphérique.Malades et méthodesLes dossiers de quatre femmes, ayant développé un exanthème prurigineux quelques heures après des perfusions, ont été revus. Le même modèle de cathéter (Optiva®) avait été utilisé dans tous les cas. Des tests épicutanés ont été réalisés chez toutes les patientes, ainsi qu’un test de provocation par perfusion de sérum glucosé utilisant le cathéter incriminé. La présence de nickel dans le cathéter a été recherchée par unspot-test. Des dosages quantitatifs de nickel ont été réalisés in vitro par spectrométrie de masse couplée à un plasma inductif sur des montages de perfusion de soluté glucosé à travers huit échantillons du cathéter, ainsi qu’un montage témoin négatif.RésultatsL’éruption était faite de lésions maculopapuleuses, parfois vésiculeuses, voire bulleuses, disposées symétriquement sur la racine des membres, le tronc et les plis, avec le plus souvent une atteinte de l’avant bras perfusé. Deux des quatre malades avaient présenté plusieurs épisodes similaires. Les quatre patientes avaient des tests épicutanés franchement positifs au nickel et, chez toutes les quatre, la responsabilité du cathéter Optiva®était prouvée par le test de provocation. La présence du nickel dans le cathéter était démontrée par unspot-testpositif et confirmée par les dosages quantitatifs, qui mettaient en évidence une variabilité de la libération de nickel selon les échantillons du même modèle de cathéter Optiva®.DiscussionNos quatre observations de dermite de contact systémique au nickel d’un cathéter, comme les quelques cas publiés dans la littérature, incriminent toutes le même cathéter. Les tests pratiqués en démontrent clairement la responsabilité. Ces dermites de contact systémiques s’observent essentiellement chez des femmes en postopératoire immédiat. Elles peuvent être confondues avec des toxidermies et amener à des évictions médicamenteuses inappropriées. Le diagnostic, suspecté sur l’aspect des lésions (symétrie, atteinte des plis et des fesses, réaction concomitante au site d’injection), la notion d’épisodes antérieurs et un test épicutané au nickel très positif, peut facilement être confirmé par un test de provocation.