IntroductionLe réchauffement climatique et son origine anthropogénique ne font plus guère de doute. Ses conséquences médicales en termes épidémiologiques sont assez bien connues, alors que les conséquences biologiques ne sont pratiquement pas documentées. Ce chapitre de la médecine est un exemple de ce qu’il est convenu d’appeler médecine évolutionniste.MéthodesLa stratégie de recherche documentaire et de sélection des articles a utilisé des moteurs de recherche, essentiellement PubMed. La période sélectionnée a été 2000-2007, en s’aidant pour les années avant 2000 de plusieurs revues de la littérature.RésultatsLe réchauffement climatique a quatre groupes de conséquences.1-L’élévation de la température moyenne du globe s’accompagne d’une augmentation de la mortalité et de la morbidité globale. La courbe mortalité/température externe est une courbe en J, mais la pente de la branche chaude du J est plus prononcée que celle de la branche froide, ces données sont très dépendantes du niveau de vie. Une étude sur 50 villes a confirmé que la mortalité globale, cardiovasculaire en particulier, augmentait aux températures extrêmes.2-La mortalité due aux dernières grosses vagues de chaleur n’a pas (ou peu) été suivie d’une diminution de la mortalité (harvesting effect). Ceci suggère qu’il s’est agi d’un effet thermique direct indépendant du niveau de santé antérieur et que, en d’autres termes, une telle mortalité reflète surtout les limites de nos capacités d’adaptation, même si elles peuvent être amplifiées par l’environnement.3-Les variations climatiques ont modifié la répartition et la virulence des agents pathogènes parasites (dengue, paludisme…) et surtout de leurs vecteurs, cette modification a pu revêtir un aspect exponentiel dû à la biologie de certains parasites.4-Les effets indirects dus aux variations extrêmes du cycle de l’eau, aux changements dans la fréquence et l’intensité des cyclones tropicaux, et aux changements de la biodiversité et de l’écosystème ont eu et auront des conséquences en termes de pauvreté, facteur de risque médical considérable.DiscussionCes données posent au biologiste des questions sur les limites de l’adaptation de l’homme, façonné au cours de l’évolution par un environnement relativement froid, à un environnement thermique qui a changé brutalement. La régulation de la température interne se fait dans l’immédiat au moyen de la sudation et de la vasodilatation cutanée laquelle en élevant le débit cardiaque peut expliquer les accidents cardiologiques dus à la chaleur. La régulation à long terme dépend essentiellement des nombreux mécanismes de découplage de l’oxydation phosphorylante mitochondriale. Le degré d’adaptabilité de ces mécanismes à une élévation thermique est pour le moment inconnu.