Points essentielsLes douleurs corporelles sont fréquentes chez les patients présentant un épisode dépressif majeur.Bien que ne faisant pas partie des symptômes classiques de dépression, les douleurs physiques sont présentes chez 50 à 90 % des patients déprimés ; elles sont notamment plus fréquentes dans les dépressions les plus sévères, en particulier chez les patients hospitalisés en psychiatrie.Les douleurs corporelles sont des bons indices de la gravité de la dépressionet surtout d’une moins bonne réponse au traitement, puis d’un risque élevé de rechutes lorsqu’elles persistent sous forme de symptômes résiduels après rémission de l’épisode.Les douleurs les plus fréquemment trouvées chez les patients déprimés sont les céphalées, les myalgies, les dorsalgies, les douleurs abdominales et diverses arthralgies.Les hypothèses étiopathogéniques pour expliquer cette co-existence fréquente de la dépression et des douleurs corporelles reposent sur l’hypofonctionnement des systèmes sérotoninergiques et noradrénergiques connu dans la dépression, qui explique d’une part les symptômes du trouble de l’humeur et d’autre part l’insuffisance de contrôle des messages douloureux ascendants, normalement inhibés au niveau spinal par la sérotonine et la noradrénaline (voies descendantes). Ceci expliquerait le développement d’une hypersensibilité interoceptive douloureuse, par un phénomène d’amplification « somatosensorielle », sans augmentation de sensibilité aux douleurs externes.Certains antidépresseurs agissant de manière spécifique à la fois sur la recapture de la sérotonine et de la noradrénalineont prouvé leur efficacité pour traiter les douleurs chroniques par exemple d’origine diabétique ou neuropathique, ce qui conduit à penser, comme les hypothèses étiopathogéniques vues précédemment, qu’ils pourraient être intéressants dans les dépressions associées à des douleurs corporelles importantes, mais ceci reste à confirmer par des études spécifiques.