Manifestations respiratoires spécifiques de la polyarthrite rhumatoïde: "le poumon rhumatoïde"
Auteurs : Lioté H1Introduction Les manifestations respiratoires de la maladie rhumatoïde sont les secondes en fréquence et certainement parmi les plus graves. Leur connaissance a bénéficié des données immunopathologiques récentes et des progrès de la tomodensitométrie (TDM). État des connaissances 1. La compréhension de leur pathogénie s'est considérablement enrichie avec la mise en évidence d'un développement du BALT à l'origine d'un infiltrat inflammatoire folliculaire, prédominant dans la sous-muqueuse des bronchioles. Ces follicules ont une constitution cytohistologique identique à celle du pannus rhumatoïde. Ils ont aussi une différenciation fonctionnelle spécifique « rhumatoïde ». En effet, ils expriment et sécrètent des marqueurs considérés comme pathogènes et spécifiques de la maladie articulaire (protéines citrullinées). Ces données attestent de l'unicité de la maladie, quel que soit son siège. 2. La TDM a bouleversé l'approche du poumon rhumatoïde. L'atteinte respiratoire y est présente dans 50 % des PR tout venant, mais elle n'est symptomatique que dans 10% des cas. La TDM a permis de dresser l'inventaire précis des différentes lésions, le plus souvent intriquées:- nodules pulmonaires (20 %), - atteinte pleurale (15 %), - maladie des voies aériennes distales (30 %): bronchiolites et bronchectasies, - pneumopathies infiltrantes diffuses au profil extrêmement hétérogène (20 %). 3. Les facteurs prédictifs de détérioration et de réponse au traitement sont encore mal connus. L'approche thérapeutique reste donc empirique. Dans la PR, les manifestations respiratoires doivent faire systématiquement discuter les infections, en particulier opportunistes, et les pneumopathies médicamenteuses qui ne sont pas abordées ici. Perspectives et conclusions Le poumon rhumatoïde devrait pouvoir bénéficier d'une meilleure prise en charge grâce à une définition précise des lésions au TDM et grâce à l'évaluation des thérapeutiques nouvelles (anti-TNF et anti-CD20) rendue légitime par l'approche physiopathologique actuelle.