Le schizophrène Mathieu X. 21 ans, convaincu de se défendre contre des êtres impurs, décapita dans la nuit du 11 au 12 décembre 2002, une infirmière et une aide-soignante de l’hôpital psychiatrique de Pau. Ce meurtre très médiatisé interroge indéniablement la dangerosité et la violence du malade mental, dont l’acmé se résout parfois dans le passage à l’acte homicide. Contrairement à l’image populaire caricaturale, fortement ancrée dans la conscience collective du malade mental impulsif tuant un inconnu dans la rue, les données épidémiologiques actuelles rassurent : 15 % des auteurs d’homicides présenteraient une maladie mentale grave (schizophrénie, paranoïa, mélancolie). Nous présentons une série de cas d’homicides de psychotiques. Cette série rétrospective illustre comparativement différents types d’actes homicides pathologiques (schizophrénie, trouble délirant paranoïaque et trouble de l’humeur : mélancolie, hypomanie) et constitue une base de réflexion sur le passage à l’acte homicide. Au sein d’une série de 268 dossiers d’expertises d’homicides, 27 homicidaires sont psychotiques. Dix d’entre eux sont schizophrènes de sexe masculin, jeunes et consommant peu d’alcool ; leur victime est connue (ascendant, ami). Neuf meurtriers sont paranoïaques, majoritairement de sexe masculin, plus âgés et tuent leur conjoint ou leur voisin. La prise d’alcool est souvent associée. Le caractère volontiers émotionnel de l’acte est classique chez les homicidaires schizophrènes et paranoïaques. À l’inverse, les meurtriers mélancoliques sont majoritairement des femmes d’un âge moyen de 30 ans consommant peu d’alcool. L’homicide est davantage prémédité, la victime est connue : enfant, conjoint. La tentative de suicide suit très fréquemment l’homicide du mélancolique.