Le rejet chronique est une des principales causes de perte tardive des greffons en transplantation d’organe et aucun traitement ne permet actuellement d’en contrôler efficacement l’évolution. Améliorer notre compréhension de la physiopathologie du rejet chronique pourrait nous offrir de nouvelles perspectives thérapeutiques susceptibles de prolonger la survie des greffons. En utilisant le modèle d’interposition aortique chez le rat, un modèle de rejet chronique vasculaire, nous avons montré que l’infiltrat inflammatoire chronique s’organisait progressivement au sein du greffon rejeté pour constituer un tissu lymphoïde ectopique fonctionnel (organe lymphoïde tertiaire) supportant la synthèse locale d’alloanticorps. Ces résultats, confirmés en clinique par l’analyse de greffons humains (cardiaques, pulmonaires et rénaux) détransplantés pour rejet chronique, suggèrent que l’organe rejeté est à la fois la cible et un des sites d’élaboration de la réponse allo-immune. Ce processus de néogenèse lymphoïde déjà décrit dans d’autres pathologies inflammatoires chroniques, survient avec une fréquence exceptionnellement élevée au cours du rejet chronique, suggérant qu’un facteur additionnel agit de façon synergique dans cette situation pour initier la formation des organes lymphoïdes tertiaires. Nous proposons que le défaut de drainage lymphatique des greffons rejetés joue ce rôle de facteur déclenchant et nous discutons la nature du dialogue se mettant en place entre néogenèse lymphoïde, lymphangiogenèse et rejet chronique au sein des greffons rejetés.