Les deux complications neurologiques de la réanimation les plus fréquentes et sévères sont les neuromyopathies acquises en réanimation (NMAR) et le syndrome confusodélirant (ou délirium). La physiopathologie de ces affections est insuffisamment comprise. L’objectif de cette revue est d’inventorier les éléments en faveur ou non d’un rôle pathogénique des agents sédatifs. L’implication des agents sédatifs dans la survenue d’une NMAR n’est pas démontrée. Seule l’hypothèse que l’immobilisation induite par la sédation puisse être un facteur favorisant de NMAR est un argument pour l’interrompre le plus rapidement possible. Le propofol administré de manière prolongée (> 48 h) à des doses supérieures à 5 mg/kg par heure chez des patients ayant un syndrome de réponse inflammatoire systémique est déconseillé en raison du risque de toxicité (syndrome de perfusion de propofol), notamment de rhabdomyolyse. Le rapport entre délirium et sédation est ambigu car les patients peuvent dans les études avoir été à tort déclarés délirants alors qu’ils étaient encore sédatés et car la majorité des études n’ont pas comporté d’analyse multivariée. Le rôle éventuellement prodélirant des sédatifs est le mieux étayé pour le lorazépam mais dans une seule étude qui montre que son administration en continue est prédictive de la survenue d’un délirium 24 heures plus tard, avec une augmentation de 20 % de ce risque pour chaque dose unitaire (exprimée en loge mg). L’impact de la profondeur, de l’interruption quotidienne ou de la titration de la sédation sur la prévalence du délirium n’a pas été spécifiquement étudié mais il semble qu’une sédation profonde soit à éviter.