La pratique médicale est en constante évolution. Les impératifs éthiques sont en revanche incorrigibles. Comment réconcilier éthique, pratique et progrès ? Certains bioéthiciens plaident en faveur d’une séparation nette entre la recherche et les soins, afin de minimiser « la méprise thérapeutique », une supposée tendance clinique à croire que les patients font l’objet de soins médicaux, alors qu’ils sont en fait les sujets d’une expérience scientifique. Nous croyons plutôt que la recherche clinique est une partie intégrante de la bonne pratique. Un divorce entre recherche et pratique clinique conduit à une médecine incorrigible, sujette au mirage thérapeutique, c’est-à-dire à la croyance que tout ce qui est offert par la médecine moderne ait été prouvé bénéfique. Cependant, méprise et mirage thérapeutiques sont justement possibles par la méconnaissance des uns et des autres de la recherche ou de la pratique clinique. Nous révisons dans cet essai quelques principes éthiques qui guident la recherche et tentons de réconcilier science, éthique et pratique clinique. La recherche doit être intégrée non seulement à la bonne pratique, mais également à l’enseignement de notre spécialité.