Les piqûres de scorpion représentent la première cause d’intoxication avec une incidence de 30 à 50 % de l’ensemble des intoxications déclarés au centre antipoison du Maroc (CAPM). Conscient de l’ampleur de ce problème, nous avons réalisé des études rétrospectives et prospectives qui ont montré la nature et la chronologie des événements cliniques dans l’envenimation scorpionique, ainsi que les facteurs de gravité épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques. Sur cette base, nous avons élaboré une conduite à tenir nationale pour la prise en charge des malades piqués. Cette conduite à tenir avait pour objectif d’uniformiser la prise en charge dans tout le pays, de diminuer la létalité par envenimation et de rationaliser les dépenses économiques inhérentes aux prises inutiles de médicaments, au transfert et à l’hospitalisation des malades. Cette standardisation de la conduite à tenir était une composante de la stratégie nationale de lutte contre les piqûres et les envenimations scorpioniques. Ses autres composantes étaient la formation, la sensibilisation et l’instauration d’un système d’information pour suivre les indicateurs de morbidité et de létalité. Après un recul de cinq années, les indicateurs ont montré qu’il y a eu une diminution du taux de létalité et une rationalisation des dépenses. Cette conduite à tenir repose sur un algorithme permettant la distinction entre un patient piqué sans envenimation et un patient envenimé. Les malades piqués font l’objet d’une surveillance jusqu’à un temps postpiqûre de quatre heures, alors que les patients envenimés seront mis en condition et transférés à un service de réanimation pour leur prise en charge.