Un modèle est une préparation simplifiée qui ne reproduit que les caractéristiques les plus marquées d’une pathologie. Pour être considérée comme un modèle animal validé, une préparation expérimentale in vivo doit répondre obligatoirement à trois critères : l’isomorphisme ou similarité des symptômes ; la prédictibilité ou efficacité pharmacologique identique ; l’homologie ou similitude étiologique. Dans l’épilepsie, leur emploi contribue à une meilleure connaissance des circuits physiologiques et pathologiques qui sont impliqués dans la genèse, l’entretien et la propagation des crises. Les modèles animaux d’épilepsies peuvent également constituer des outils utiles pour envisager et tester de nouvelles stratégies thérapeutiques chirurgicales, notamment par déconnexions ou par neuromodulation, dans les épilepsies focales pharmacorésistantes. Dans ce chapitre, nous détaillerons trois modèles animaux d’épilepsie focale particulièrement adaptés aux problématiques chirurgicales expérimentales. L’embrasement oukindling,consiste en la stimulation liminaire régulière d’une structure cérébrale donnée chez le rongeur afin d’engendrer une décharge focale secondairement généralisée. L’application locale d’agents épileptogènes, comme le cobalt, le fer ou la pénicilline, engendre des décharges focales non propagées chez le rongeur et le primate. Elle constitue donc un modèle d’épilepsie néocorticale focale sans généralisation secondaire. L’application focale d’acide kaïnique, un agoniste glutamatergique excitotoxique, dans l’hippocampe dorsal de la souris adulte engendre, après une période de latence, des décharges focales, spontanées et récurrentes, des anomalies comportementales intercritiques, une pharmacorésistance, ainsi que des anomalies histologiques très proches de la sclérose hippocampique. Elle constitue donc un modèle d’épilepsie mésiotemporale. Une meilleure connaissance, dans ces modèles, des circuits nerveux qui génèrent, propagent ou contrôlent les crises, permet d’envisager de nouvelles approches chirurgicales dans le traitement des épilepsies pharmacorésistantes.