Vieillir en terre étrangère : une nouvelle épreuve de l’exil
Auteurs : Stitou R1. Ce travail qui se réfère à la psychanalyse et à l'anthropologie porte sur les incidences cliniques de l'épreuve du « vieillir en terre étrangère », à la croisée du singulier et de la culture, du psychique et du social. Il s'agit de déplier quelques éléments réflexifs sur: le mal-être voire la détresse de ceux que l'on appelle les travailleurs étrangers et qui pourtant vivent de plus en plus leur retraite et leur vieillesse loin de l'univers qui abrite leur langue et leur culture; la nécessité d'un réaménagement des dispositifs d'écoute face à une souffrance dont les formes expressives échappent à la logique qui sous-tend les cadres conceptuels classiques, ce qui met dans l'embarras les professionnels du soin et du social. Cette approche laisse place, dans un premier temps, aux résonances subjectives de l'exil sans lesquelles on ne peut comprendre ce que traversent les sujets âgés issus d'ailleurs. Cet exil n'est pas réductible à l'émigration. Il se réactualise parfois, non sans violence, lors du passage à la retraite et au vieillissement, et vient rappeler à chacun son incomplétude et sa mortalité. Il vient perturber le sentiment d'identité et le rapport à l'autre, ce qui nécessite de passer par des repères culturels afin de se sentir protégé et humanisé. L'écoute de l'autre, pour être efficiente, implique non pas de rompre ou de fétichiser sa différence mais d'être attentif au lien singulier qui le relie à sa culture; lien qui lui permet de donner du sens à chaque épreuve de l'existence.