ObjectifÉtudier s’il existe un lien, chez les patientes primipares, entre la durée de la seconde phase du travail et la morbidité maternelle et néonatale et si la prolongation de ce temps de l’accouchement au-delà de deux heures se traduit par une hausse significative de cette morbidité.Matériels et méthodesÉtude de cohorte rétrospective sur réalisée en centre universitaire de niveau III entre le 1eravril 2004 et le 30 avril 2005, chez l’ensemble des primipares à terme, porteuses d’une grossesse singleton avec fœtus non malformé en présentation céphalique, ayant atteint 10 cm de dilatation cervicale au cours du travail (n = 1191). Les patientes ont été prises en charge sans délai maximum à dilatation complète en l’absence d’anomalies du rythme cardiaque fœtal. La morbidité maternelle et néonatale a été analysée selon la durée écoulée à dilatation complète en analyse univariée et après ajustement sur les variables confondantes dont le degré de significativité était supérieur ou égal à 0,1.RésultatsLa morbidité maternelle globale passe de 5,7 % après une heure passée à dilatation complète à 20,4 % après trois heures. Au-delà de deux heures, chaque heure supplémentaire se traduit par une augmentation de la morbidité maternelle globale (OR 1,78 ; IC 95 % [1,59–1,97]), du risque d’hémorragie du post-partum (OR 1,72 ; IC 95 % [1,21–2,23]) et du risque de déchirure périnéale du troisième ou quatrième degré (OR 1,24 ; IC 95 % [1,07–1,41]). Dans le même temps, on assiste à une augmentation significative du risque de césarienne (OR 2,09 ; IC 95 % [1,84–2,34]) et d’extraction instrumentale (OR 1,82 ; IC 95 % [1,59–2,05]). En revanche, l’étude n’a pas montré de lien significatif entre la morbidité néonatale et la durée de la seconde phase du travail.ConclusionNotre étude confirme l’existence d’un lien entre la durée de la seconde phase du travail et l’augmentation de la morbidité maternelle mais pas de la morbidité néonatale. Cette association, qui devient surtout préoccupante au-delà de trois heures passées à dilatation complète doit être prise en compte et justifie à notre avis une remise en cause de la voie vaginale passé un tel délai.