ObjectifsÉvaluer le risque fongique lié à l’eau dans différents centres hospitaliers et préciser les conditions méthodologiques pour une standardisation des prélèvements ont été les objectifs de l’étude principale conduite entre février 2004 et mars 2005 dans 10 centres hospitaliers en France métropolitaine.MéthodesPour évaluer ce paramètre, une étude préliminaire a permis d’optimiser l’analyse mycologique de l’eau. Nous avons employé les mêmes conditions opératoires que pour les analyses bactériologiques : filtration de l’eau et ensemencement de la membrane d’acétate de cellulose sur gélose. Des services hébergeant des malades à risque, dont les services d’hématologie, de transplantation d’organes, des brûlés, ont été choisis. L’eau et les surfaces pouvant s’y rapporter ont été étudiées au niveau de 98 points de prélèvements. Trois prélèvements de 1 L d’eau (1erjet, froide, chaude) et 2 à 3 prélèvements de surfaces (intérieur du robinet, du pommeau de douche, siphon) ont été effectués pour chaque point de prélèvement. Une fiche épidémiologique a permis d’obtenir des informations sur le lieu du prélèvement, le(s) traitement(s) de l’eau (chlore ou autre) ainsi que sa température.RésultatsIl existait une différence significative (p = 0,039) en fonction des différents types d’eaux. Les eaux chaudes (≥ 50 °C) étaient significativement moins colonisées que les autres : 4 % d’entres elles ont révélé la présence de champignons contre 52 % des eaux froides. Les eaux étaient, en général, faiblement colonisées sauf pour 2 centres où il existait une contamination générale du réseau (flore monomorphe àExophiala spet àFusarium sp). Soixante-dix-neuf pour cent des prélèvements d’eau froide présentaient moins de 5 UFC/L, tout en étant plus colonisés que l’eau chaude. Les Dématiés ont été retrouvés fréquemment,Aspergillus spa été rarement isolé. Les prélèvements de surfaces liées à l’eau (en moyenne 15 UFC/prélèvement) étaient moins fréquemment positifs (13 %) que les prélèvements d’eau. Les siphons étaient plus souvent positifs que les autres surfaces (23 %), or les champignons isolés n’avaient pas la même répartition que dans l’eau. Les rapports avec la flore bactérienne etP. aeruginosaont été envisagés ainsi que l’effet des différents traitements de l’eau.ConclusionLa réglementation impose uniquement des contrôles bactériologiques de l’eau. En l’absence de seuil de contamination fongique de l’eau à partir duquel il existe un risque d’infection fongique invasive nosocomiale pour les patients, il est difficile d’imposer des contrôles systématiques. En cas de travaux et en cas d’enquête épidémiologique au cours d’une infection nosocomiale, lorsque les prélèvements d’air n’ont pas été concluants, des contrôles mycologiques de l’eau sont nécessaires.