Un Picasso parmi les algues brunes: la difficile conquête de la symétrie chez Ectocarpus.
Auteurs : Le Bail A1, Billoud B, Maisonneuve C, Charrier BLe corps des organismes vivants se structure suivant des axes, des plans de rotation, de translation ou des symétries, en réponse aux contraintes imposées par l'environnement. Des processus cellulaires et moléculaires assurent la mise en place de cette structuration corporelle. Cette revue a pour objectif de présenter les mécanismes moléculaires qui régissent les principales symétries chez les végétaux. Plusieurs gènes, codant pour des facteurs de transcription, ont été identifiés chez les plantes terrestres (notamment Arabidopsis thaliana), qui contrôlent la mise en place des axes apico-basal et adaxial-abaxial, principalement. La mise en place de ces axes permet de générer des symétries radiale ou bilatérale selon les organes végétaux. Ces processus apparaissent dans la plupart des cas comme étant initialement sous le contrôle d'une hormone végétale, l'auxine. Chez les algues brunes, végétaux marins multicellulaires, les plans de polarité sont moins évidents que chez les plantes terrestres. L'algue brune modèle Ectocarpus siliculosus fait actuellement l'objet d'études de développement. Son architecture est filamenteuse, et les premières observations montrent que la formation des embranchements le long de l'axe principal ne s'effectue pas de façon stéréotypée et régulière selon les individus, bien que globalement centrée. Cependant, des études de morphométrie plus détaillées, suivies d'analyses probabilistes, ont révélé que, sur l'ensemble d'une population d'individus, les organismes obéissent à des contraintes biologiques non encore identifiées, qui affinent une symétrie radiale au fur et à mesure de la croissance de l'organisme. Le rôle de cette symétrie dans l'adaptation de cet organisme à son environnement, ainsi que les acteurs moléculaires impliqués, font actuellement l'objet de nos recherches.