Comparaison des peuplements de Coléoptères et d'Araignées en zone reboisée et en zone steppique dans une région présaharienne d'Algérie
Auteurs : Brague-Bouragba N, Brague A1, Dellouli S2, Lieutier F3Le présent travail compare les peuplements de Coléoptères et d'Araignées dans deux écosystèmes voisins de la zone présaharienne de la région de Djelfa (Algérie), l'un resté à l'état de steppe, l'autre reboisé récemment en pin d'Alep. Dans trois stations de chaque région, des pièges au sol (type Barber) ont été relevés mensuellement pendant un an et les arthropodes identifiés et comptés. Deux mille deux cent cinquante-sept individus, répartis en 95 espèces, ont été récoltés, appartenant à quatre familles de Coléoptères (Carabidae, Scarabaeidae, Tenebrionidae et Curculionidae) et 14 familles d'Araneae. Les Ténébrionidés (43% des espèces et 87% du nombre d'individus de Coléoptères) sont nettement le groupe d'insectes le mieux représenté, numériquement à cause de l'abondance considérable de Pimelia mauritanica en milieu reboisé, où cette espèce représente la moitié du nombre total de captures. Parmi les Araignées, les Gnaphosidae représentent 40% des individus et 1/3 des espèces. La richesse spécifique totale des deux milieux est la même, mais, sur l'ensemble des espèces récoltées, la zone reboisée possède des effectifs plus nombreux et des indices de diversité (Shannon, Simpson) plus faibles que la zone restée en steppique. Toutefois, ces paramètres deviennent tout à fait comparables si l'on exclut P. mauritanica. Sans P. mauritanica, les effectifs et la richesse spécifique des Ténébrionidés sont semblables dans les deux milieux. Les Curculionidés ont des effectifs plus nombreux et une diversité spécifique plus élevée en zone steppique, tandis que les Scarabéidés sont également abondants dans les deux milieux. Les effectifs, la richesse spécifique et la diversité des Carabidés sont beaucoup plus faibles en zone reboisée qu'en zone de steppe. L'inverse est observé pour les Araignées. Toutefois, des variations plus ou moins importantes d'effectif, dans un sens ou dans l'autre selon les espèces, peuvent exister à l'intérieur de chacun de ces groupes taxonomiques. On en conclut que le reboisement, s'il n'a pas modifié la diversité biologique, a induit un bouleversement de l'organisation et du fonctionnement des peuplements d'arthropodes.