Intérêt de la toxine botulique pour les suites opératoires en chirurgie des membres chez l'enfant infirme moteur cérébral.
Auteurs : Dohin B1, Garin C, Vanhems P, Kohler RLa spasticité et les spasmes musculaires peuvent être à l'origine de douleurs chez l'enfant infirme moteur cérébral (IMC). La réalisation d'actes chirurgicaux orthopédiques est souvent nécessaire chez ces patients et les phénomènes douloureux postopératoires peuvent être aggravés par la spasticité, alors qu'elle est elle-même augmentée par l'épine irritative que représentent les douleurs postchirurgicales. De même, ces symptômes peuvent être aggravés par les mouvements anormaux, l'immobilisation plâtrée ou encore l'anxiété des patients. Le traitement de la spasticité est une nécessité après une chirurgie orthopédique chez les enfants IMC. Une étude randomisée a montré récemment l'intérêt de l'utilisation de la toxine botulique (toxine botulique) avant une chirurgie tendineuse chez l'IMC. Le but de cette étude était d'évaluer les bénéfices en termes de confort et de douleur, obtenus par l'utilisation de la toxine botulique dans le cadre d'une chirurgie osseuse réalisée chez des enfants IMC tétraplégiques spastiques. Deux groupes de 9 patients IMC tétraplégiques spastiques ayant subi une intervention chirurgicale orthopédique pour chirurgie osseuse ou chirurgie multi-site ont été comparés lors d'une étude rétrospective : un des groupes recevait de la toxine botulique avant l'intervention. Tous les patients ont été immobilisés en postopératoire pour une durée moyenne de 6 semaines. Les principaux critères étudiés ont été : l'efficacité et les effets secondaires de la toxine botulique, la durée de l'hospitalisation, de la douleur et du traitement antalgique de niveau III (morphine), la qualité du sommeil, enfin la survenue de lésions cutanées lors de l'immobilisation. Aucune différence significative ne séparait les deux groupes de patients (en dehors du traitement par toxine botulique). Lefficacité et l'innocuité clinique de la toxine botulique ont pu être confirmées. Aucune différence significative n'a été retrouvée concernant la durée d'hospitalisation : 7,33 jours (e.t ±1,5) contre 7,88 jours (e.t ±1,7) ainsi que pour le durée d'utilisation d'antalgiques de niveau III : 4,33 jours (e.t ± 1,9) pour 4,16 jours (e.t ±2,5). Cependant la durée des symptômes douloureux a diminué significativement de 6,87 jours (e.t ±2,9) à 2,22 jours (e.t ±1,7) et la qualité du sommeil des patients a été significativement améliorée et les lésions cutanées sous immobilisation ont pu être prévenues pour le second groupe. Ce travail ne permet pas de confirmer que l'utilisation de toxine botulique diminue la consommation d'antalgiques chez ces patients. Cependant nos résultats sont en faveur d'une diminution de la durée des phénomènes douloureux postopératoires et d'une amélioration du confort des enfants IMC spastiques opérés lorsqu'une administration de toxine botulique a été réalisée en préopératoire. Cette étude suggère qu'un bénéfice peut être attendu de l'administration de toxine botulique en préopératoire et les auteurs conseillent d'étendre ses indications à toute chirurgie orthopédique réalisée chez un patient spastique.