ObjectifsLe but de notre étude est de faire le point sur le dépistage des malformations fœtales au premier trimestre, et d’évaluer le retentissement de ce dépistage sur l’évolution de la grossesse. Nous avons tenté de déterminer si l’allongement du délai légal d’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) (loi du 4 juillet 2001) interférait avec le devenir de la grossesse en dehors du cadre légal.Matériel et méthodeÀ partir de la banque de données du collège français d’échographie fœtale (CFEF), établie dans une population de dépistage, nous avons retenu tous les dossiers de malformations dépistées avant 14 semaines d’aménorrhée (SA), en excluant les hyperclartés nucales isolées. Nous avons comparé deux populations : avant et après la loi de juillet 2001.RésultatsÀ partir de la banque de données du CFEF, les 37 échographistes participants ont recensé 336 cas de malformations fœtales du premier trimestre, 108 avant juillet 2001, 208 après juillet 2001. Ce chiffre correspond à 1 % des échographies du premier trimestre réalisées par les mêmes opérateurs durant la même période.Nous avons retrouvé 109 (32 %) nuques ou hygroma associés à d’autre(s) malformation(s), 103 (31 %) malformations cérébrales, 85 (25 %) malformations de la paroi thoracoabdominale, 81 (24 %) anomalies de membres, 41 (12 %) malformations rénales, 28 (8 %) anomalies rachidiennes, 21 (6 %) malformations cardiaques, 16 (5 %) anomalies de biométries, 12 (3 %) anomalies des annexes et 11 (3 %) anomalies de la face.L’issue de grossesse est connue dans 331 (98,5 %) cas. Dans 250 cas (75 %), une interruption médicale de grossesse a été pratiquée après accord d’un centre multidisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDPN). Dans 29 cas (9 %), une mort fœtale in utero est survenue. Dans 38 cas (12 %), l’enfant est né vivant. Dans 13 cas (3,9 %), une IVG a été pratiquée, sans différence significative entre les deux périodes analysées, 5/108 versus 8/208.ConclusionLa découverte de malformation fœtale avant 14 SA est fréquente. Les malformations dépistées sont graves, puisque seulement 12 % des enfants naissent vivants, dont certains décèdent ensuite.Dans le cadre de notre étude et les limites de notre exhaustivité, il n’est pas mis en évidence d’augmentation significative du nombre des IVG secondaires à l’échographie de 12 SA rendues possibles, quoique illégales par l’allongement du délai d’accès à l’IVG en France depuis juillet 2001.