IntroductionLes manifestations cutanées liées àAspergillussont rares et surviennent surtout sur un terrain immunodéprimé. On distingue habituellement l’aspergillose cutanée primitive, liée à une inoculation cutanée directe du champignon et l’aspergillose cutanée secondaire, liée à des emboles périphériques à partir d’un foyer mycélien chronique pulmonaire ou sinusien. Exceptionnellement, des manifestations cutanées indirectes satellites de l’infection aspergillaire ont été rapportées, nous en présentons un cas.ObservationUn homme âgé de 40 ans, immunocompétent, consultait devant l’apparition de placards érysipéloïdes des membres inférieurs récidivants sur une période de 7 mois. Les radiographies et la tomodensitométrie des sinus mettaient en évidence une sinusite maxillaire asymptomatique d’origine aspergillaire vraisemblable. L’intervention chirurgicale confirmait le diagnostic et permettait, sans traitement antifongique complémentaire, la guérison de celle-ci. Le syndrome inflammatoire s’amendait et avec un recul évolutif de 15 mois les lésions cutanées ne récidivaient pas.DiscussionL’absence de récidive après le traitement du foyer aspergillaire constitue l’argument majeur en faveur d’un lien de causalité entre cette dermatite érysipéloïde et l’infection sinusienne mycosique. L’hypothèse d’un mécanisme emboligène septique à partir du foyer sinusien a été écartée pour retenir un mécanisme proche de celui observé dans l’érythème noueux streptococcique, à type de maladie à complexes immuns possiblement secondaire à une allergie aux protéines aspergillaires. Ce cas témoigne de l’existence de manifestations cutanées satellites d’une infection aspergillaire, ne correspondant ni à une aspergillose primitive ni à une aspergillose secondaire.