IntroductionIl est admis que les poussées de dermatite séborrhéique sont souvent induites par le stress, ceci figurant dans toutes les revues générales sur le sujet. Pourtant, aucune étude ne vient appuyer cette affirmation.Malades et méthodesCette étude prospective a été réalisée en deux temps. Le premier questionnaire recueillait des informations sur : l’identité du malade, ses antécédents somatiques ou psychiatriques et la dermatite séborrhéique. Les facteurs favorisant les poussées étaient recherchés par une question ouverte puis il était demandé au malade s’il avait eu un stress dans la semaine ou le mois précédent. Le deuxième questionnaire réalisé 4 mois plus tard, reprenait les mêmes questions (à l’exception des antécédents). Les deux questionnaires comportaient des échelles d’évaluation psychopathologique destinées à dépister chez les malades des symptômes d’anxiété et de dépression (HAD «Hospital Anxiety and Depression scale», Beck, STAI «State Trait Inventory anxiety») et à estimer leur stress perçu (PSS «Perceived Stress Scale» de Cohen et Williamson).RésultatsQuatre-vingt-deux malades (36 femmes et 46 hommes) ont été inclus dans l’étude. Quatre-vingt-deux pour cent des malades avaient une atteinte du cuir chevelu, 33 p. 100 du visage, 19 p. 100 de la poitrine et 13 p. 100 d’autres localisations (oreilles, plis). Selon les malades, le premier facteur déclenchant les poussées était le stress, que ce soit le facteur déclenchant habituel, celui de la première poussée ou celui de la poussée actuelle. Un événement stressant était effectivement trouvé dans la plupart des cas. Le fait que le stress soit reconnu comme un facteur déclenchant des poussées n’était pas associé à un score de dépression (HAD ou Beck) plus élevé mais était associé à un score d’anxiété (trait et état) plus élevé. Le retentissement psychologique de la maladie était fort chez 11 p. 100 des malades, moyen chez 20 p. 100, modéré chez 35 p. 100, nul chez 25 p. 100, 9 p. 100 ne se prononçant pas. Les malades avec une localisation au visage étaient plus dépressifs auBeck Depression Index. Deux caractéristiques notées lors de l’inclusion se sont révélées prédictives de la survenue d’au moins une nouvelle poussée ou de la persistance de la poussée antérieure 4 mois plus tard : l’incrimination par le patient du stress à l’origine de la poussée antérieure et le niveau d’anxiété trait.DiscussionCette étude permet de confirmer qu’un événement stressant précédait souvent les poussées de dermatite séborrhéique et que le rôle du stress serait un facteur pronostique péjoratif. Cette étude est la première étude à montrer un lien possible entre un événement de vie stressant et une poussée de dermatite séborrhéique. Elle incite à confirmer ces résultats par un travail comparant les malades atteints de dermatite séborrhéique à des sujets qui en sont indemnes. Elle montre que la dépression est plus souvent présente en cas d’atteinte faciale, alors que le trait-anxiété serait un facteur aggravant.