La mortalité par mélanome ne faiblissant pas, malgré un dépistage de plus en plus intensif par les médecins, des campagnes multiples basées sur ABCD, et une surveillance dermatologique de plus en plus efficace des sujets à risque, il faut réorienter la politique de dépistage sur la population générale. En effet, la majorité des mélanomes ne surviennent pas dans la population identifiée à risque, 2 tiers des mélanomes sont autodépistés, et les mélanomes responsables de la mortalité sont souvent à croissance rapide. Ils n'ont donc que peu de chances d'être dépistés à temps par un médecin, alors qu'ils peuvent l'être par les sujets eux-mêmes, s'ils ont été préalablement informés. Des campagnes grand public peuvent rendre chacun apte à l'autodétection du mélanome, à condition d'utiliser des images de mélanomes et de naevus, et non des algorithmes artificiels comme ABCD qui saturent le système médical de consultations inappropriées. L'autosurveillance et la détection des modifications de naevus doivent être favorisées, en fournissant des références photographiques à tous les sujets à haut risque. En responsabilisant et formant la population générale, on augmente la chance des sujets ayant un mélanome d'avoir un accès direct immédiat au « test de dépistage », à savoir l'avis du dermatologue qui est « la mammographie » du cancer de la peau. Parallèlement, les médecins généralistes et les médecins du travail, par leur nombre et les multiples opportunités de voir la peau de sujets, doivent continuer à jouer un rôle clé pour le repérage de lésions qui n'auraient pas été autodétectées avant.