Evolution sur vingt ans des taux d'incidence et de mortalité des AVC au sein de la population de dijon intra-muros: 1985-2004.
Auteurs : Bejot Y1, Giroud M, Rouaud O, Benatru I, Moreau T, Freycz M, Osseby GV, Neurologues Hospitaliers et Libéraux de DijonPour mieux maîtriser le problème de Santé publique, que représentent les Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC), il est important d'évaluer l'évolution de leurs taux d'incidence et de mortalité. Nous avons évalué sur vingt ans, de 1985 à 2004, les variations des taux d'incidence, des taux de mortalité à un mois, de la prévalence des facteurs de risque vasculaires et des traitements préventifs des AVC de novo, à partir de la population non-sélectionnée de la ville de Dijon intra-muros dont 25 % des 150 000 habitants ont plus de 65 ans. Les AVC ont été définis selon leurs deux mécanismes hémorragiques et ischémiques grâce au scanner dans 98 % des cas, complété par l'imagerie en résonance magnétique (IRM) dans 22 % des cas. Nous avons recueilli 3 142 infarctus cérébraux dont 1 708 étaient secondaires à un athérome des grosses artères, 725 secondaires à une lipohyalinose des artérioles perforantes ou infarctus lacunaire, 497 secondaires à une embolie cardioembolique, 212 secondaires à une dissection carotidienne ou vertébrale et 134 d'origine indéterminée, associés à 341 hémorragies cérébrales et 74 hémorragies méningées. En comparant les données par période de cinq ans, on a constaté les résultats suivants: les taux d'incidence standardisés par âge et par sexe des AVC de novo sont restés stables sans variation significative. L'âge moyen de survenue des AVC a significativement reculé de cinq ans chez l'homme, de huit ans chez la femme, confirmant l'augmentation de l'espérance de vie sans AVC. Les taux de mortalité des AVC à vingt-huit jours ont baissé de 10 % chez l'homme âgé de moins de 75 ans (p = 0,01) et ont baissé de 10% chez la femme âgé de moins de 65 ans (p = 0,03), grâce à la baisse des taux de mortalité des A VC lacunaires (p = 0,05) et hémorragiques (p = 0,03). La répartition des facteurs de risque s'est, elle aussi, profondément modifiée. La prévalence d'hypercholestérolémiques a augmenté de 17% sur vingt ans (p < 0,01), comme celle des patients diabétiques (p < 0,01). Par contre, la prévalence de patients tabagiques a baissé de 15 % en vingt ans (p < 0,01) comme la prévalence d'antécédents du myocarde qui a baissé de 4% (p = 0,02). La prévalence d'hypertension artérielle traitée a présenté des variations non significatives (p = 0,62) mais par contre la proportion de patients ayant une HTA diastolique [supérieure à] 90 mmHg baissait de 17 % sur vingt ans (p < 0,01), illustrant le fait que s'il n'y a pas eu de progrès dans le nombre de patients hypertendus traité, par contre les malades traités ont été mieux contrôlés. Pour la première fois en France, une étude épidémiologique sur une population non-sélectionnée, entreprise sur une très longue période, permet d'évaluer l'évolution des taux d'incidence et de mortalité des A VC. Nous avons observé une chute significative des taux de mortalité à vingt-huit jours chez l'homme et chez la femme, et surtout un recul significatif de l'âge de survenue des A VC de cinq ans chez l'homme et de huit ans chez la femme.