ProposL’allergie à la pénicilline est un antécédent couramment allégué dans la population. Rarement remis en cause, ce diagnostic prive les patients d’une classe d’antibiotiques efficace et peu onéreuse. Huit à 10 % des personnes incluses dans les études antérieures déclarent une allergie à la pénicilline. Ces données proviennent d’études principalement menées en milieu hospitalier. Cette étude vise à en évaluer la prévalence dans une population ambulatoire.MéthodesNous avons réalisé une étude ambulatoire, au sein de la population de Seine-Saint-Denis. Il s’agissait d’une étude transversale, un jour donné, menée au mois de mars 2005. Cent médecins généralistes ont été randomisés sur le département. Tous les patients se présentant à leur cabinet le jour de l’enquête, étaient inclus dans l’étude et devaient remplir eux-mêmes un questionnaire anonyme.RésultatsSur les 1057 patients ayant participé à l’enquête, 99 (9,4 %) se sont déclarés allergiques à la pénicilline. La pénicilline A a été la plus fréquemment incriminée. Les manifestations cliniques principalement rapportées ont été les éruptions maculopapuleuses (58,6 %) ; 13,1 % ont présenté des signes de gravité (hospitalisation et/ou coma) avec, dans 11 cas sur 13 des symptômes très évocateurs de choc anaphylactique ; 8,1 % ont présenté des signes digestifs isolés peu compatibles avec un mécanisme allergique. Certains facteurs, tels que l’asthme et l’eczéma sont apparus statistiquement associés à l’allergie à la pénicilline dans notre échantillon (p < 0,05).ConclusionLe pourcentage d’allergie autodéclarée retrouvé dans cette étude est comparable aux données de la littérature. La pénicilline la plus fréquemment en cause à l’heure actuelle est la pénicilline A. Cette étude met également en évidence l’importance de l’interrogatoire, permettant, devant certains arguments cliniques, d’éliminer une réaction clinique peu compatible avec un phénomène allergique.