Dissociation fonctionnelle entre la signalisation et l'endocytose du récepteur de l'apéline: implication dans les effets de l'apéline sur la pression artérielle.
Auteurs : Iturrioz X1, El Messari S, De Mota N, Fassot C, Alvear-Perez R, Maigret B, Llorens-Cortes CL'apéline, est le ligand endogène du récepteur orphelin humain APJ. Nous avons cloné le récepteur murin homologue de l'APJ, récepteur à sept domaines trans-membranaires couplé à la protéine Gi. Nous avons établi une lignée stable de cellules CHO exprimant le récepteur APJ murin étiqueté à son extrémité C-terminale avec l'EGFP. Ce récepteur est couplé négativement à l'adénylate cyclase et s'internalise sous l'action l'apéline 17 (K17F, KFRRQRPRLSHKGPMPF). Afin de caractériser pharmacologiquement et fonctionnellement ce récepteur, nous avons évalué la capacité de différents fragments d'apéline délétés à l'extrémité N- ou C-terminale de K17F à se lier au récepteur, à inhiber la production d'AMPc induite par la forskoline et à induire son internalisation. Les résultats obtenus montrent que la délétion successive des S premiers acides aminés N-terminaux ou des deux derniers acides aminés C-terminaux de K17F ne sont pas essentiels pour la liaison de l'apéline à son récepteur ni à la réponse AMPc. A l'inverse la délétion de l'arginine en position six dans K17F diminue drastiquement l'affinité du peptide pour le récepteur ainsi que la réponse AMPc. Concernant l'internalisation du récepteur de l'apéline, les délétions successives à l'extrémité N-terminale de K17F diminuent de façon progressive ce processus alors que la délétion d'un seul acide aminé à l'extrémité C-terminale de K17F (la phénylalanine en position 17) l'abolit. Ces résultats indiquent qu'il existe une dissociation fonctionnelle entre la signalisation du récepteur de l'apéline (couplage Gi) et son internalisation et suggèrent l'existence de différentes conformations actives du récepteur de l'apéline stabilisées par la liaison des différents fragments d'apéline. Pour étudier la répercussion de cette dissociation fonctionnelle sur l'activité biologique, nous avons évalué l'effet de l'injection des différents fragments d'apéline sur la pression artérielle chez le rat Wistar Kyoto normotendu. Ainsi, l'injection par voie intraveineuse de K17F provoque une baisse de la pression artérielle. A l'inverse, l'injection des fragments d'apéline, ne provoquant pas l'internalisation du récepteur mais conservant intacte leur capacité à inhiber la production d'AMPc, n'ont pas d'effet hypotenseur. Ces résultats suggèrent fortement que l'internalisation du récepteur de l'apéline serait à l'origine de l'initiation d'une seconde voie transductionnelle, indépendante des protéines G, impliquée dans l'effet hypotenseur de l'apéline. L'ensemble de ces résultats constitue une première étape dans la caractérisation pharmacologique du récepteur de l'apéline nécessaire au développement d'agonistes biaisés de ce récepteur, capables d'activer une voie de signalisation spécifique. Ces molécules pourraient constituer des outils thérapeutiques potentiels pour le traitement des maladies cardiovasculaires.