Les dosages du BNP et du NT-proBNP, son catabolite, améliorent le triage des patients dyspnéiques aux urgences. Dans notre étude, nous avons comparé de façon randomisée les concentrations plasmatiques du BNP et du NT-proBNP chez 119 patients dyspnéiques cliniquement documentés. Parmi les 119 patients, 57 ont des résultats biologiques concordants pour les 2 marqueurs et en accord avec le diagnostic clinique de sortie. Neuf patients dyspnéiques cardiaques ont des concentrations en BNP et en NT-proBNP anormalement basses. Cela s'explique pour six d'entre eux par un délai important (supérieur à 48 heures et inférieur à 72 heures) entre la prise en charge médicale du patient dans le service clinique d'urgence et le prélèvement réalisé pour le dosage des biomarqueurs natriurétiques. Pour les trois autres, il faut penser non seulement aux situations d'OAP flash avec augmentation et normalisation très rapide du BNP mais aussi à l'existence de facteurs génétiques responsables d'une variabilité dans la synthèse de BNP indépendamment des facteurs physiologiques ou pathologiques cardiaques. Quarante-trois patients dyspnéiques cardiaques présentent des résultats discordants entre le BNP et le NT-proBNP : il faut évoquer ici l'instabilité in vitro du BNP exacerbé par un prélèvement effectué sur tube verre et un délai d'acheminement du tube au laboratoire parfois trop long dans un grand hôpital. Dix patients sont faux positifs ou discordants avec une augmentation anormale du NT-proBNP. Parmi ces 10 patients, 5 ont des créatinines plasmatiques augmentées. Il devient nécessaire aujourd'hui que toutes les sociétés de diagnostic proposent des seuils diagnostiques pour les facteurs natriurétiques prenant en compte le degré d'insuffisance rénale.