La première greffe de visage a été réalisée à Amiens le 27 novembre 2005. Brisant les limites techniques du prétendument possible et transgressant en apparence certains interdits culturels en matière de transplantation d'organes visibles, cette intervention résolument novatrice ouvre, outre de nombreuses perspectives en chirurgie réparatrice de la défiguration, un très large champ d'investigations scientifiques portant sur la dynamique et la signification de la fonction faciale. Elle n'en soulève pas moins de nombreuses questions d'ordre éthique et médical. Nous décrirons ici brièvement les déterminants techniques de cette opération destinée avant tout à restaurer la fonction orale et l'expressivité du visage, les principes du traitement immunosuppresseur visant à contrôler le rejet du greffon et les résultats anatomiques, neurologiques et fonctionnels obtenus après un an de suivi. Ceux-ci démontrent la parfaite intégration morphologique, dynamique et corticale du greffon facial au sein du visage recomposé, confirment la légitimité de l'indication opératoire et permettent d'opposer des arguments factuels objectifs aux réticences éthiques, soulevées en termes d'identité faciale et psychologique, pour le patient receveur.