Marqueurs moléculaires de résistance aux médicaments antipaludiques: nécessaires mais pas suffisants pour un changement de politique de santé.
Auteurs : Mbacham W1, Njikam N• La recherche récente a tenté d'utiliser les marqueurs moléculaires ou les mutations génétiques associés à la résistance pour affiner la surveillance de l'efficacité thérapeutique des médicaments antipaludiques couramment utilisés en permettant de détecter rapidement l'apparition de pharmacorésistance. Pour faire reculer le paludisme, les responsables des programmes antipaludiques nationaux préconisent des stratégies qui visent l'interruption de la transmission et/ou l'amélioration des moyens thérapeutiques. Afin de mettre les marqueurs moléculaires en oeuvre dans les programmes de lutte, il faut prendre en compte deux types de données pour assurer que tout changement de politique en matière de traitement antipalustre est fondé. Il s'agit premièrement des données socio-économiques et deuxièmement des données biomédicales. Jusqu'à présent les principaux marqueurs utilisés pour mesurer l'efficacité clinique des molécules sont les gènes associés soit avec le transport soit avec le métabolisme du produit. En ce qui concerne le paludisme, les gènes qui sont les mieux connus sont la Pfcrt et la Pfmdr1 dans le cas des quinolines et la dhfr et la dhps dans le cas des antifolates. Certains auteurs ont suggéré l'implication de la PfATPase dans les nouveaux traitements combinés à base d'artémisinine (TCA). Pour décider ou non de changer de médicament anti-palustre, les responsables des programmes de lutte doivent prendre en compte plusieurs facteurs: l'efficacité, la transmissibilité, la dynamique de la maladie, la sécurité, l'épidémie, la tolérance et l'observance. Les marqueurs moléculaires fournissent des informations utiles concernant tous ces facteurs sauf la sécurité, la tolérance et l'observance. Cependant il est toujours nécessaire de valider ces marqueurs par des études in vitro et dans des milieux écologiques différents et de montrer qu'ils sont stables dans le temps ou associés à des situations dans lesquelles l'efficacité clinique des médicaments se modifie. Outre les données fournies par ces outils, le pouvoir public doit assurer des campagnes de sensibilisation afin d'informer la population et le personnel soignant et entreprendre des actions de lutte contre la vente illicite des antipaludiques. Ainsi les pouvoir publics devront toujours engager les ressources nécessaires pour déterminer le bon moment pour changer de politique thérapeutique surtout au niveau du district et dans les zones rurales où des programmes efficaces et économiques sont les plus nécessaires.