ObjectifÉvaluer la mortalité des patients cirrhotiques admis en réanimation pour encéphalopathie hépatique (EH) et déterminer les facteurs pronostiques liés à cette mortalité.Type d'étudeÉtude de cohorte rétrospective.Patients et méthodesÉtude s'étalant de janvier 1995 à décembre 2004 concernant les patients cirrhotiques admis successivement en réanimation. Les critères d'inclusion étaient : la présence de troubles de la conscience associés à une atteinte hépatique antérieure chronique de type cirrhotique. La mortalité en réanimation était analysée. Près de 80 variables étaient étudiées puis comparées entre les survivants et les décédés. Statistique :ttest, χ2ou test exact de Fisher, Kaplan-Meier et log rank, Cox régression.RésultatsCent quatre-vingts patients (42 femmes, 138 hommes, âge moyen : 59 ± 10 ans) étaient recensés (incidence : 2,6 %). L'IGS II moyen était de 30 ± 11, l'Acute Physiology Age and Chronic Health Evaluation II (APACHE II) de 16,5 ± 5,3, le score de Child-Pugh de 9,1 ± 1,9 et le GCS de 11 ± 2,8. La cause de la cirrhose hépatique était identifiée dans 41,2 % des cas (virale : 35,6 %, éthylique : 5,6 %). Près de 18 % des patients avaient des antécédents d'EH aiguë. Les causes de la décompensation étaient : infection (65,6 %), hémorragie digestive (32,2 %), médicaments (5 %) et désordre métabolique (5 %). La mortalité hospitalière était de 33,3 % et était plus importante dans l'hémorragie digestive. En analyse univariée, 18 paramètres étaient significativement de mauvais pronostic. L'analyse multivariée n'en retenait que trois : la pression artérielle systolique supérieure à 90 mmHg (RR [risque relatif] = 4 ; IC95 % = 2–8,1), la leucocytose supérieure à 12 000 n/mm3(RR = 3,1 ; IC95 % = 1,8–5,3) et le recours à la ventilation mécanique (RR = 3,1 ; IC95 % = 1,7–5,6).ConclusionSelon notre étude, la mortalité de l'EH aiguë du patient cirrhotique était élevée et l'instabilité hémodynamique, l'hyperleucocytose et la ventilation mécanique constituaient les facteurs indépendants liés à cette mortalité.