Objectif: évaluation de la prévalence des autoanticorps au cours de la sclérodermie au sein d'une population marocaine dans une étude rétrospective. Matériel et méthodes: 272 patients dont 220 cas de sclérodermie systémique, 45 cas de sclérodermie cutanée pure et 7 cas de connectivités mixtes (CM), ont subi un dépistage d'anticorps antinucléaires (AAN) par immunofluorescence indirecte (IFI), suivi d'une étape d'identification d'anticorps anti-antigènes nucléaires solubles (ENA) par double immunodiffusion d'Ouchterlony (IDD) chez 127 d'entre eux. Résultats: 68 % des patients présentant une sclérodermie systémique ont des AAN positifs dont l'identification révèle: 23 cas (15,3 %) d'anticorps (Ac) anti-Sc170, 8 cas (5,3 %) d'anti-centromère (ACA) et 5 cas (3,3 %) d'anti-Ul-RNP. Sur les 8 cas d'ACA, 3 correspondent à des Crest. L'Ac anti-Scl70 est retrouvé chez 2 des 4 patients ayant un syndrome interstitiel pulmonaire. L'Ac anti-Ul-RNP est présent chez 3/38 patients (7,8 %) ayant une sclérodermie systémique associée à des polyarthrites. Environ 4/45 patients (9 %) présentant une sclérodermie cutanée pure ont des AAN positifs, dont 2 correspondent à des ACA. Les patients admis pour CM possèdent tous des Ac anti-U1RNP, associés à des anti-Sm dans 2 cas. Conclusion: la faible prévalence des ACA observée dans cette étude comparativement aux études américaines, européennes et japonaises est probablement le reflet de la variation interethnique de la fréquence de ces AAN. En effet, des taux très faibles d'ACA ont été rapportés dans des séries sud-africaine, afro-américaine, indienne et thaïlandaise. La IDD, méthode de référence pour l'identification des Ac anti-ENA ne permet d'identifier que très peu des aspects anti-nucléolaires de la sclérodermie, ce qui aurait nécessité le recours à d'autres techniques telles que l'Elisa et/ou l'Immunoblot.