IntroductionLes patients atteints de SEP et originaires du Maghreb représentent, à Nice, près de 8 p. 100 des patients enregistrés dans la base de données EDMUS.Patients et méthodesNous avons réalisé une étude descriptive rétrospective de la population d’origine maghrébine (n = 76) atteinte de SEP, suivie dans le service de Neurologie du CHU de Nice et l’avons comparée à la population de SEP régionale (n = 968) issue de notre base de données EDMUS (European database on MS). L’analyse statistique nous a permis d’individualiser trois sous-groupes de patients, soumis à des facteurs environnementaux différents, selon le lieu de naissance ou l’âge à la migration, dont la comparaison révèle des particularités pronostiques.RésultatsPour l’ensemble de la cohorte, les facteurs de mauvais pronostic sont : une forte proportion de sujets masculins, un premier évènement avec séquelles et une IRM initiale remplissant d’emblée les critères de Barkhof. Concernant l’analyse en fonction des sous-groupes, les particularités pronostiques propres à chaque sous-groupe sont les suivantes : — les patients d’origine maghrébine nés en France ont un âge de début précoce, un délai diagnostique et un intervalle libre entre les deux premières poussées longs, présentent rapidement un syndrome cérébelleux et une forme secondairement progressive. — les patients ayant migré avant 15 ans ont un premier évènement monosymptomatique souvent visuel et avec séquelles et présentent rapidement un syndrome cérébelleux. — les patients ayant migré après 15 ans ont un âge de début tardif, un délai diagnostique et un intervalle libre entre les deux premières poussées courts, un premier évènement monosymptomatique souvent moteur, médullaire ou du tronc cérébral, un syndrome cérébelleux et une forme secondairement progressive plus fréquents. Ce sont les patients dont la progression du handicap est la plus rapide.ConclusionNotre travail confirme le profil évolutif plus sévère de la maladie pour la cohorte maghrébine globale, comme dans les travaux disponibles dans la littérature. Différencier les patients en fonction du lieu de naissance et de l’âge à la migration est nécessaire pour une prise en charge adaptée. L’instauration précoce d’un traitement de fond avec l’utilisation plus systématique et précoce des immunosuppresseurs doit être discutée dans ces populations maghrébines.