Les insuffisances rénales aiguës par embolies paradoxales sont de description clinique exceptionnelle. L'observation d'un nouveau cas est l'occasion de faire le point sur le mécanisme, le diagnostic et les possibilités thérapeutiques. Une femme de 49 ans, sans antécédents, est admise pour une phlébite crurale avec embolie pulmonaire. Une douleur du flanc gauche à j2 avec fièvre, doublement de la créatinine plasmatique et récidive controlatérale à j12, ne conduira au diagnostic d'infarctus rénal qu'à j20. Le diagnostic d'embolies paradoxales rénales est confirmé par l'existence d'un foramen ovale perméable et d'un shunt droite–gauche à l'échocardiographie transœsophagienne avec contraste. La fermeture percutanée, neuf mois plus tard, au moyen d'une prothèse Amplatz 25 mm permet l'arrêt des antivitamines K. Les critères d'embolie paradoxale sont réunis dans notre observation. Ce mécanisme, fréquemment discuté dans les accidents vasculaires cérébraux du sujet jeune, n'est qu'exceptionnellement rapporté à l'origine de manifestations rénales cliniques (alors que l'atteinte rénale n'est anatomiquement pas rare). La raison en est la difficulté du diagnostic d'infarctus rénal, majorée en l'absence de cardiopathie emboligène classique. L'intérêt réside dans la possibilité de revasculariser le rein à la phase aiguë, et de fermer le foramen ovale à distance (actuellement le plus souvent par voie percutanée).