IntroductionLa fatigue se définit par une difficulté à maintenir une activité mentale ou physique de manière performante. Cette étude a pour but de démontrer l’aspect pluridimensionnel de ce symptôme en comparant les caractéristiques de la fatigue sur deux groupes de patients souffrant d’affections neurologiques différentes mais ayant un handicap neurologique faible et comparable : un groupe de patients AVC (accident vasculaire cérébral mineur) et un groupe de patients SEP (sclérose en plaques).MéthodesLe groupe AVC était composé de 79 patients, dont le score à l’échelle du « National Institute of Health Stroke » (NIHSS) était inférieur à 3 un an après l’AVC, et le groupe SEP de 39 patients dont le diagnostic avait été posé depuis moins de 5 ans, avec un score inférieur à 3 à l’« Expanded Disability Status Scale » (EDSS). Tous les patients ont répondu à un questionnaire d’auto-évaluation de la fatigue, le « Fatigue Assessment Instrument » (FAI). Ils n’étaient ni déprimés ni anxieux, et les deux groupes étaient appariés pour le déficit fonctionnel, le handicap et les séquelles cognitives.Résultats29 p. 100 des patients AVC et 46 p. 100 des patients SEP (p < 0,05) avaient une fatigue significative (score de sévérité supérieur à 4 à la FAI). Une analyse de régression linéaire multiple a montré que les scores de sévérité, spécificité et impact psychique étaient plus sévères dans le groupe SEP. Dans une analyse item par item, le groupe SEP avait un score plus élevé surtout dans les trois items de la sous-échelle décrivant l’impact psychique (c’est-à-dire l’impact mental et affectif) engendré par la fatigue. La fatigue des patients AVC tendait à mieux répondre au sommeil. Les conséquences de la fatigue sur le fonctionnement physique, social, et familial étaient semblables. Lorsque seuls les sous-groupes des patients avec un score de sévérité FAI supérieur à 4 étaient analysés, l’impact psychique était plus élevé chez les patients SEP.DiscussionCes résultats confirment l’existence d’une fatigue d’origine cérébrale dans les deux populations, mesurable par des questionnaires adaptés. Elle est plus fréquente et plus sévère dans le groupe SEP. L’impact psychique et mental de cette fatigue est plus marqué dans le groupe SEP, alors que les conséquences physiques, professionnelles et sociales sont identiques dans les deux populations.