IntroductionLes transplantés rénaux ont un risque accru de développer des verrues, des kératoses actiniques et des carcinomes cutanés. Les objectifs de cette étude descriptive étaient d’évaluer le suivi dermatologique, ainsi que l’incidence et les facteurs de risque des tumeurs cutanées, chez les malades ayant une greffe rénale fonctionnelle au CHU de Grenoble.Malades et méthodesLa population initiale comprenait 686 greffés rénaux. Un premier questionnaire a été envoyé à chaque malade afin de connaître l’existence ou non d’un suivi dermatologique. Après analyse des réponses, un deuxième questionnaire a été envoyé aux dermatologues libéraux, ce qui a permis de préciser le suivi réalisé, la fréquence et la localisation des verrues et des tumeurs cutanées. Parallèlement, les dossiers des malades suivis en dermatologie au CHU de Grenoble ont été étudiés.RésultatsParmi les 436 malades inclus dans l’étude, moins de deux tiers avaient consulté un dermatologue depuis la greffe et seuls 31,2 p. 100 avaient un suivi régulier. L’incidence des verrues et des kératoses actiniques était respectivement de 48,8 p. 100 et 20,6 p. 100, et augmentait avec la durée d’immunosuppression. L’incidence des carcinomes était de 19,3 p. 100. Les carcinomes basocellulaires étaient plus fréquents que les autres carcinomes. Les facteurs de risque de carcinomes étaient l’âge élevé lors de la greffe, la durée d’immunosuppression, le phototype clair, la présence de verrues ou de kératoses actiniques. Toutes les lésions se trouvaient majoritairement sur les zones photoexposées, mais ceci était plus marqué pour les carcinomes épidermoïdes que pour les carcinomes basocellulaires et les maladies de Bowen.DiscussionLa prise en charge dermatologique des greffés d’organe est très peu évaluée et nous montrons qu’elle est probablement insuffisante. Nous confirmons les résultats d’études récentes européennes qui mettent en évidence sous nos latitudes une incidence élevée de carcinomes cutanés chez ces malades, avec cependant dans notre étude un nombre plus élevé de carcinomes basocellulaires par rapport à celui des carcinomes épidermoïdes.