IntroductionLes demandes de consultations en urgence semblent assez fréquentes en cabinet de dermatologie libérale, cependant ni cette fréquence ni les motifs de demande n’ont été évalués. L’objectif principal de cette étude était d’estimer cette demande de manière qualitative et quantitative. L’objectif secondaire était de chercher une association entre les demandes dont l’urgence était justifiée à 48 heures et la symptomatologie invoquée par les malades afin d’établir un score prédictif de la validité de la demande.MéthodesQuarante dermatologues répartis sur la France métropolitaine ont été recrutés sur la base du volontariat. L’étude s’est déroulée pendant une semaine d’avril 2004, durant laquelle les dermatologues avaient allégé leurs rendez-vous programmés de façon à recevoir tout malade demandant à être vu en urgence. Les renseignements collectés concernaient : l’activité habituelle des dermatologues, les motifs d’appel, la symptomatologie, le diagnostic et l’appréciation par le dermatologue du degré d’urgence. L’analyse des données a été univariée puis multivariée. Un score a pu être réalisé à partir des coefficients des variables retenues dans le modèle de régression logistique.RésultatsLe nombre moyen de malades vus en urgence par chaque dermatologue participant à l’étude a doublé par rapport à une semaine normale. Durant la semaine d’étude, 613 malades ont demandé un rendez-vous en urgence et la totalité des questionnaires a été remplie pour 538 (88 p. 100) d’entre eux. Les diagnostics les plus fréquemment posés par les dermatologues étaient : eczéma, infections, dermatite atopique, mycose, nævus. Les dermatologues ont estimé que la consultation était justifiée dans les 48 heures pour un tiers des malades. En analyse multivariée, les facteurs significativement associés à une urgence justifiée étaient plus généraux que dermatologiques. Le score réalisé avait une sensibilité médiocre et aucun seuil ne permettait de bien classer plus de 77 p. 100 des demandes.DiscussionLa demande de rendez-vous en urgence est importante et considérée comme justifiée dans les 48 heures pour un tiers des malades. Les motifs et diagnostics sont proches de ceux observés dans les consultations d’urgence hospitalière à l’urticaire près. Les critères associés à une urgence justifiée sont peu dermatologiques. Le score établi à partir de ces critères n’a pas été suffisamment sensible pour permettre une sélection téléphonique fiable des malades.