Le but de cet article est d'effectuer une analyse critique des publications ayant évalué l'utilité de la radiopelvimétrie afin de permettre des conclusions tangibles et utiles pour la pratique clinique. La radiopelvimétrie a été proposée dans trois indications : l'épreuve du travail parmi les patientes présentant un antécédent de césarienne, la présentation du siège, la suspicion de disproportion céphalopelvienne. Ces publications sont, pour la grande majorité, des études rétrospectives portant sur de faibles effectifs et surtout sans groupes témoins ou non randomisées. Leurs résultats contradictoires et leurs faiblesses méthodologiques ne permettent pas de conclure. Les essais randomisés publiés sont exceptionnels. Parmi les patientes présentant un antécédent de césarienne, il n'existe qu'un seul essai randomisé ; celui-ci montre que la radiopelvimétrie ante-partum est inutile avant une épreuve du travail, car elle est faiblement prédictive de l'issue de l'épreuve du travail et augmente le taux de césariennes. Il n'existe également qu'un seul essai randomisé sur l'intérêt de la pelvimétrie en cas de présentation du siège : la réalisation d'une pelvimétrie ne permet pas de réduire significativement le taux global de césarienne, ni d'améliorer l'issue néonatale. Elle présente cependant l'avantage de réduire le taux de césariennes en cours de travail, et donc apporte un bénéfice maternel dans la mesure où une césarienne élective est moins pourvoyeuse de morbidité (voire de mortalité) qu'une césarienne en cours de travail. Enfin, le seul essai randomisé ayant étudié l'utilité de la radiopelvimétrie sur la prédiction de la disproportion céphalopelvienne montre que la pelvimétrie présente une faible valeur prédictive sur l'issue de l'accouchement, n'a pas d'influence sur l'état néonatal et est pourvoyeuse de césariennes inutiles. Par ailleurs, bien que l'exposition aux radiations ionisantes lors d'une radiopelvimétrie soit très faible, il ne faut pas oublier que les radiations diagnostiques augmentent le risque de cancer de l'enfance pour le fœtus irradié, quel que soit le moment de la grossesse. Dans les rares cas où la pelvimétrie est utile (épreuve du travail sur une présentation du siège), il est alors prudent de recourir à l'IRM.